
Étrangers à nos portes de Zygmunt Bauman
Pouvoir et exploitation de la panique morale Préface de Michel Agier. Trad. par Frédéric Joly
Les deux versants de l’immigration – l’étranger qui arrive et la peur qu’il suscite – sont ainsi analysés et décortiqués avec empathie.
C’est le dernier ouvrage de Z. Bauman, mort en 2017. Livre d’actualité, puisqu’il reprend la question de l’accueil des étrangers dans les conditions très dures des années récentes (en particulier de la crise de 2015), en l’insérant dans ses réflexions antérieures sur les « vies perdues », triste facette de la « culture du déchet », et sur le « présent liquide », où les « étrangers à nos portes » sont accueillis dans une « panique morale » qui a ses raisons compréhensibles et pourtant très irrationnelles. Les deux versants de l’immigration – l’étranger qui arrive et la peur qu’il suscite – sont ainsi analysés et décortiqués avec empathie, sans s’épargner l’usage de chiffres et d’analyses sociologiques et historiques précises, mais aussi, comme toujours chez Bauman, le recours aux classiques de la philosophie (Kant, Arendt, Gadamer, Levinas…), des sciences humaines (Bakhtine, Hobsbawm, Goffman, Sennett…) et de l’anthropologie contemporaine. Détresse de l’immigré et panique des « accueillants » prennent ainsi une sorte d’épaisseur humaine rare dans les livres consacrés aux « flux migratoires ».