
Délibérer entre égaux. Enquête sur l’idéal démocratique de Charles Girard
Dans cet ouvrage impressionnant par l’ampleur des enjeux soulevés, sa nuance, sa clarté et la solidité de ses démonstrations, Charles Girard défend l’idéal démocratique d’autogouvernement du peuple (gouvernement du peuple, pour le peuple, par le peuple, selon les termes de Lincoln dans son fameux discours de Gettysburg), notamment contre Schumpeter, pour qui le peuple n’est pas assez rationnel pour se gouverner.
Une conception délibérative de la démocratie doit permettre de fonder en rationalité ses procédures. Elle permet une autonomie politique, conçue à la façon de Rousseau ou Castoriadis : la capacité pour chacun d’avoir une influence la plus égale possible sur les normes qui conditionnent son existence. Encore faut-il savoir pourquoi cette autonomie politique est désirable, et ce qu’elle permet de choisir. Mais quel critère permettra-t-il de l’évaluer ? Comment définir le bien commun ? La démocratie doit permettre la satisfaction la plus égale et impartiale possible des différents intérêts individuels, dans l’idée de la conservation des seules inégalités favorables à l’intérêt des plus défavorisés.
La délibération ne nous expose-t-elle pas à des processus de prises de décision interminables ? À la différence de la palabre, la délibération relève plutôt de la formation d’une volonté collective qui devra s’exprimer ensuite par le vote majoritaire. Et à la différence d’une communication ordinaire, la délibération consiste, à propos d’un problème collectif d