
Race et sciences sociales. Essai sur les usages publics d’une catégorie de Stéphane Beaud et Gérard Noiriel
La thèse générale de l’ouvrage est connue : la race et, au-delà, tout l’« identitaire » ont remplacé la classe, à la fois comme constructions étudiées par les sciences sociales et dans la conscience et l’expérience vécue des acteurs.
Critiques et polémiques acerbes, avec des excès bien connus aujourd’hui, ont accompagné la parution de ce livre en février 2021, avant et après sa sortie. On s’aventure donc en terrain miné en en parlant. Les deux auteurs sont des chercheurs connus et reconnus, le premier comme sociologue et le second en tant qu’historien, avec des livres marquants dans leur bibliographie respective. Ils sont aussi engagés, à travers des articles et des tribunes, dans le débat public autour des « questions qui fâchent » et qui entretiennent les fureurs politico-culturelles de l’heure, avec des dérives multiples (sur Internet et sur des chaînes de télévision privées, en particulier), à propos de l’immigration, de l’islam, de l’identité, des minorités, du racisme et des violences policières. La thèse générale de l’ouvrage est connue : la race et, au-delà, tout l’« identitaire » ont remplacé la classe, à la fois comme constructions étudiées par les sciences sociales et dans la conscience et l’expérience vécue des acteurs. Si cet énoncé est vrai, il éclaire certains aspects du terrain social et du débat politique actuels, mais on comprend qu’il ait suscité l’émoi, voire les réactions violentes des chercheurs en sciences sociales concernés et accusés d’avoir contribué à la promotion et au soutien des identités.
Le livre comporte trois grandes parties et huit chapitres, les trois premiers par G. Noiriel et les trois derniers par S. Beaud, les deux du milieu étant écrits en commun. Cette d