
Alice, disparue de Dominique Paravel
Ce beau roman, émouvant, relate l’exceptionnelle relation d’Aude et d’Alice, durant quelques mois, à Venise en 1976. Ces deux jeunes Françaises, libres, idéalistes, squattent un vieil appartement délabré, avec quelques autres marginaux. C’est l’après-Mai 68 dans une Italie déchirée entre des groupuscules extrémistes qui n’hésitent pas à recourir à la violence armée. Des militants ouvriéristes d’ultragauche et des partisans de l’extrême droite se bagarrent, la police les recherche, la société hoquette, tout semble détraqué, sauf la ville, cette ville hors du commun, Venise qui cultive son mystère. « J’ai faim tout le temps. Venise est belle, à hurler. » Alice se concentre sur l’usine, les grèves, les actions anticapitalistes. Aude découvre la drogue (modérément) et l’amour (passionnément), elle est comme envoûtée par le bel Aurelio. Elle accepte son état second qui lui permet de flotter dans cette ville lacustre, qui tangue plus ou moins selon la saison. Elle est fascinée par Alice, sa beauté – malgré une cicatrice sur son fin visage –, sa détermination, son caractère entier, refusant toute concession à un ordre social et moral qu’elle récuse. Un jour, Alice disparaît. Trente-cinq plus tard, Aude, qui n’a jamais cessé de penser à elle, part à sa recherche. Le roman alterne les souvenirs et le présent d’Aude en une partition équilibrée, douce et parfois chahutée par la réminiscence nostalgique d’un temps qui n’est plus. En cherchant Alice, Aude se cherche aussi et r