
La Divine Comédie de Dante
Trad. par Jacqueline Risset. Édition bilingue sous la dir. de Carlo Ossola
Le poète des poètes a écrit pour savoir ce que fait la langue. Il n’existe, pour le Florentin banni de sa cité, pas d’autre rapport au réel. Certes, il sait qu’il n’existe pas de poésie pure : la poésie retient seulement du monde ce que le langage en découpe. Échappant au simple effet de représentation, la sienne ouvre pour l’éternité une plongée aux abysses. Des assises se perdent, mais en ses découpes La Divine Comédie suppose qu’il demeure un irreprésentable, un non-vu que Dante fait voir pour nous sortir de la brume de l’indifférencié commun. Il ne s’agit donc pas de représenter du réel et de sortir de la duplication propre aux industrieux de la poésie. Exit Horace et son ut pictura poesis. Non seulement la poésie de Dante fait franchir des portes, mais elle plonge aussi dans des illuminations, sans rien usurper de ce qu’un tel monde engendre de monstres et de lumière.