
Les apparitions de Jean-Jacques Schuhl
Désormais, Jean-Jacques Schuhl n’a plus ni à fictionnaliser la réalité, ni à romantiser son existence. Une hémorragie interne, qui a asphyxié un moment le fonctionnement du cerveau, l’oblige à une certaine forme de composition et d’écriture. À la suite de cet accident, « des blocs de réalité autonomes, étrangers à moi mais dont je faisais partie », jaillissent et resurgissent ici tels quels. Schuhl laisse envoler ces fragments loin de tout effet d’autobiographie, quoique sous couvert d’une autofiction, mais d’un genre inédit et qui échappe en partie à son auteur. Il s’agit donc d’un livre où l’auteur fait de lui-même, à son corps défendant ou obligeant, sous des aspects surprenants, un personnage dont il devient le spectateur et néanmoins l’acteur plus ou moins consentant. Existe une façon d’éveillé endormi dans cette entreprise de reconstitution d’une existence presque volée, là où la respiration retrouvée permet de faire convoler en justes noces l’auteur avec lui-même.