
Leyli et Majnûn de Jâmi
Illustré par les miniatures d’Orient. Trad. du persan, notes et introduction par Leili Anvar de Direction scientifique de l’iconographie et introductions par Amina Taha-Hussein Okada et Patrick Ringgenberg
Aragon s’était inspiré de la légende de l’amour impossible de Leyli et Majnûn pour écrire Le Fou d’Elsa. Cette vieille légende arabe, qui raconte comment un jeune poète entreprit un chemin de folie et d’anéantissement parce que celle qu’il aimait lui était inaccessible, a donné lieu à trois œuvres majeures de la poésie persane, publiées en 1188-1189 pour la version de Nezâmi, en 1298 pour celle d’Amir Khosrow Dhelavi, et en 1484 pour celle de Jâmi (1404-1492), l’un des derniers grands poètes soufis, né et mort à Hérat, dans l’actuel Afghanistan, et qui vécut une partie de sa vie à Samarcande. C’est la version de ce dernier, traduite par Leili Anvar et accompagnée de précieuses notes qui enrichissent la lecture, que les Éditions Diane de Selliers viennent de publier sous la forme d’un très beau livre illustré par de splendides miniatures persanes et mogholes. Patrick Ringgenberg, historien de l’art et des religions, chercheur associé à l’université de Lausanne, et Amina Taha-Hussein Okada, conservatrice générale du patrimoine, en charge des arts de l’Inde au Musée national des arts asiatiques-Guimet, ajoutent aux images des commentaires éclairants.
Devenir fou (majnûn) par amour est à la fois une fierté et un destin, que les traditions mystiques ont souvent associés à la recherche éperdue de l’union à Dieu, au divin, au cosmos. C’est assurément le sens de l’interprétation que propose Jâmi de cette figure d’un amour qui ne cède pas à l’impos