
Moi, qui que je sois de Mathieu Lindon
Mathieu Lindon commence par l’approche de l’odeur nauséabonde de l’héroïne dans ce qui tient au départ du roman d’amour ou du conte de fée, mais avec beaucoup d’humour. Il glisse dans les parties suivantes dans le roman policier puis érotique et offre une synthèse dans le dernier moment du livre. Manière pour l’auteur d’offrir une certaine espérance puisque le futur est le lieu « où tout peut changer ». Néanmoins, comme tout horizon, cet espace reste mobile et par essence inaccessible. L’auteur ne se préoccupe pas du sien (c’est le privilège de l’âge…). Mais son corps – comme celui de l’autre – existe encore et toujours. Lindon tente d’en apaiser l’utopie comme l’illusion du miroir. Le sexe et la jouissance sont présents même si le membre reste le plus souvent « inutile ». L’auteur s’en amuse en évoquant un « membre à plein temps pour usage saisonnier ». Il s’agit en quelque sorte de « faire de son cul une œuvre d’art ». C’est périlleux, mais l’auteur s’attarde à rendre compte du plaisir, en écho aux Mémoires de Saint-Simon, qui décrit selon lui le mieux la jouissance. Le romancier prouve qu’on peut parler du sexe sans être obscène. Il en saupoudre son livre avec la volonté de défricher l’inconnu, là où l’auteur entretient une intimité littéraire avec Foucault, Beckett, Duras, Robbe-Grillet et bien d’autres. Si bien que le titre de l’ouvrage est un écho à l’insensé qui croit que l’autre n’est pas lui-même. L’auteur n’y parle pas de lui mais de l’ensemble des genres littéraires. La place de l’autobiographie est donc à la fois fictionnelle et référentielle. C’est une manière de se déconfiner…