
Le Loup dans la bergerie, de Jean-Claude Michéa
Jean-Claude Michéa a commencé sa carrière médiatique par des satires de l’esprit « libéral-libertaire » qui avaient quelque chose de salutaire. Au fil de ses livres répétitifs, la satire s’est fondue en morgue. Son dernier ouvrage semble écrit par un inquisiteur haineux, qui fait son propre portrait lorsqu’il dénonce ces intellectuels qui veulent tenir « le fouet » et remplacent les règles du débat par les techniques de l’intimidation.
Sa thèse centrale, celle de la solidarité intime du capitalisme et des droits de l’homme, n’a rien de neuf. Elle a été formulée de manière plus incisive par Deleuze ou Althusser, auteurs que Michéa vomit. La seule « originalité » de Michéa est de plonger la critique marxienne, qui a ses forces et ses apories, dans une confusion inextricable. Il identifie les défenseurs des droits de l’homme aux seuls libéraux (comme si Babeuf avait été un libéral), le libéralisme au néolibéralisme (comme si Tocqueville avait été un intégriste du marché), et le néolibéralisme à une politique de la lutte contre les discriminations – comme si le néolib&eacut