
Que reste-t-il de l’art quand on ne le voit (presque) plus ?
Ubiquité du beau (Musée Calvet, Avignon, jusqu’au 30 septembre 2021) et How to disappear… (Collection Lambert, Avignon, jusqu’au 23 janvier 2022)
La collection d’art contemporain d'Yvon Lambert fait l'objet de deux expositions à Avignon, qui montrent qu'il y a, pour les œuvre d'art, bien des façons de disparaître.
La collection d’art contemporain de l’ancien marchand Yvon Lambert s’expose sous deux angles opposés cet automne. Dans l’Ubiquité du beau, les œuvres sont insérées dans le parcours classique du Musée Calvet : l’art d’hier et celui d’aujourd’hui s’épousent comme s’ils étaient faits l’un pour l’autre. Dans How to disappear… au contraire, la rupture entre l’art et sa longue histoire semble consommée depuis les années 1960. Les œuvres y occupent quelques grandes salles toutes blanches à la Collection Lambert. Odile Cavalier (directrice du Musée Calvet) et Stéphane Ibars (directeur artistique de la Collection Lambert) n’en sont pas à leur première collaboration. Et les deux musées, situés à quelques minutes à pied l’un de l’autre, sont d’anciens hôtels particuliers du xviiie siècle, héritiers de donateurs amis. Dans les deux expositions, l’accrochage s’abstient d’effet spectaculaire et ne démontre rien non plus. Il enjambe les siècles et donne un élan de liberté à leur appréciation.

Au Musée Calvet, on entre dans les salles comme en conversation, jamais sur le même ton. Depuis le centre d’une pièce, un cavalier en ronde-bosse, venu d’Espagne et du xve siècle, dirige l’action. Saint-Longin cambre sa montu