Le stéthoscope et la souris : savoirs médicaux et imaginaires numériques du corps
L’internet est depuis sa création un lieu de mobilisations et de contestation des pouvoirs. Le pouvoir médical n’a pas échappé, notamment dans le contexte de la diffusion de l’épidémie de sida, à une mise en cause par des groupes de patients organisés. On peut déjà faire une histoire de la relation entre médecins et patients depuis les années 1980 autour ou à propos des réseaux numériques, entre utopie de la santé parfaite et diffusion incontrôlée des informations médicales.
Pendant longtemps, la méfiance de la profession médicale vis-à-vis des nouvelles technologies informatiques a été un fait avéré. Dans les années 1980 encore, le lancement du réseau télématique canadien MediLink est salué par la presse comme un échec annoncé :
La plupart des docteurs sont des analphabètes en informatique […]. Plus de 70 % des médecins généralistes n’ont pas d’ordinateurs dans leurs cabinets1.
En Europe, les fiches informatisées ne sont utilisées que par un médecin sur sept. Les pratic