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Michel de Certeau · DR
Michel de Certeau · DR
Dans le même numéro

La libre navigation. Michel de Certeau à l’épreuve du numérique

janv./févr. 2022

Le rêve d’Internet comme expérience des marges s’est transformé en un cauchemar de surveillance technologique. Il ne faut pourtant pas voir là l’effacement de la liberté individuelle : dans le jeu entre les contraintes algorithmiques subsistent des espaces d’invention où les individus peuvent se réapproprier les activités virtuelles.

Lorsque Michel de Certeau écrit L’Invention du quotidien à la fin des années 1970, la société de consommation contraint l’individu et le réduit à ses acquisitions matérielles. Le lecteur contemporain ne peut s’empêcher de ressentir un fort accroissement de cette tendance vers un système de plus en plus envahissant. Il pourrait même regretter ce monde où les écrans étaient confinés au salon et ne débordaient pas dans l’ensemble de la vie quotidienne. Dans l’espace numérique actuel, le rêve d’un Web libre et subversif, en marge, a laissé place à l’univers policé des dispositifs technologiques portés par les plateformes numériques, les Gafam (Google, Apple, Facebook, Amazon et Microsoft), auxquelles on a pris l’habitude de se référer en permanence.

Ces dernières, loin de servir gratuitement un doux commerce des savoirs et un renforcement des relations humaines, organisent la collecte des traces numériques, déploient des techniques de profilage des personnes et distribuent la publicité ciblée à l’échelle planétaire. Dans sa pratique quotidienne de la vie en ligne, l’utilisateur oscille dès lors entre une satisfaction évidente de ses besoins, par l’affichage à la demande de l’information pertinente, et une frustration dans l’expression de sa personnalité, lorsqu’il constate que les projets qu’il imagine à peine se retrouvent déjà sur son écran. Les comportements des personnes qui nous ressemblent servent en effet de guides aux algorithmes des plateformes numériques pour mieux modéliser notre manière de vivre. Le renvoi permanent à une réalité sociologique sous-jacente semble ne laisser aucune place à la liberté individuelle. Face à ce constat, l’intelligence, la subtilité, la ruse du consommateur exaltées par Certeau semblent faire plus que jamais défaut.

C’est à partir de ce manque, tiré de notre propre expérience de la vie numérique, que nous avons tenté de relire et de réinterroger L’Invention du quotidien1. Cette réappropriation de Certeau épouse la forme de sa pensée, qui appelle le lecteur à se faire « l’interlocuteur de l’auteur, [à] se saisir de ce qu’il peut faire sien et prolonger2 ». Élaborant un registre de notions pour s’orienter dans le flux de la vie matérielle (stratégie, tactique et braconnage notamment), cette œuvre est comparable à une dense forêt, confiant au lecteur le choix de son chemin dans les dédales d’une pensée qui croise la sémiotique, l’anthropologie et la psychanalyse. C’est ce foisonnement de la pensée de Certeau qui nous a conduits à réfléchir au jeu que nous pouvons instaurer avec nos écrans numériques.

La liberté face à la masse

Lire L’Invention du quotidien aujourd’hui, c’est redécouvrir une double liberté : une liberté pratique dans l’acte de la lecture, qui se prête, malgré la densité de la langue, à un va-et-vient entre les pensées et les chapitres, et une liberté conceptuelle, dans la représentation même de l’homme de masse à laquelle cette œuvre introduit. Prenant le contrepoint de la vision structuraliste, Certeau cherche à reconstruire un sujet libre au sein de la masse, capable de jouer avec les multiples artefacts qui l’entourent.

La conception de l’individu développée par l’historien se construit en opposition aux pensées structuralistes, telles que celles de Pierre Bourdieu et de Michel Foucault qui forment l’horizon du débat des années 1970. Cette distinction se fonde sur une différence de questionnement ; si Foucault interroge le sujet, en lui ôtant « son rôle fondamental » pour l’analyser « comme une fonction variable et complexe du discours3 », Certeau place au centre de sa réflexion un sujet s’interrogeant sans cesse sur sa propre liberté, sur la « question indiscrète : “comment se créer4 ?” » Il déplace ainsi l’attention, de la consommation passive par des sujets anonymes à la capacité de sélection et de combinaison créative des produits. Contre l’idée prédominante d’une passivité et d’une docilité de l’individu au sein de la masse, Certeau affirme en effet que l’homme ordinaire possède une ingéniosité propre qui lui permet de résister aux contraintes de la servilité et aux rigueurs de la discipline. Autrement dit, dans la tension quotidienne entre volonté personnelle et culture imposée d’en haut, l’individu révèle toujours une capacité d’invention proprement libératrice. Songeant, du haut du World Trade Center, à la vision du mouvement du passant sur l’asphalte, Certeau refuse de le réduire à sa « trace graphique » et voit dans la marche de chacun « une infinie diversité de ces opérations énonciatrices5 ».

Pour mieux saisir cette inventivité, Michel de Certeau prend la métaphore de la lecture comme illustration de cette tension entre la passivité apparente du consommateur face à la prescription du texte et la vivacité de l’individu qui, en lisant, se saisit de l’écrit. Loin d’être réduit au statut de spectateur qui suit la ligne du texte, le lecteur opère une « production silencieuse » qui se développe autour de métaphores, d’improvisations, de transgressions de la ligne et des chapitres, générant par là un déplacement de couches significatives capable d’ouvrir de nouveaux espaces de compréhension.

À partir de cette conception, Certeau est en mesure de poser un nouveau regard sur les systèmes publicitaires qui abreuvent le consommateur : les médias de masse, et surtout la télévision, qui semblent fournir la trame d’un récit unique. Il en souligne le caractère fondamentalement lacunaire : en ne saisissant que des actions ponctuelles de leurs cibles, les systèmes publicitaires laissent fuir l’histoire de la personne, son parcours et ses choix futurs. Pour reprendre, à l’envers, la métaphore de la lecture, les textes qui sont soumis aux yeux du consommateur ne sont pour Certeau que du matériel lexical dépourvu de toute syntaxe, qui relève, elle, d’une inventivité linguistique personnelle. C’est dans ce foisonnement des récupérations possibles, dans cette imprévisibilité fondamentale, que se joue la liberté individuelle, la capacité à créer sa propre trajectoire.

L’empire des données numériques

Dans le domaine du numérique, le développement de la surveillance permanente semble toutefois démentir de manière flagrante cette libre construction d’un parcours individuel. Loin d’être une pratique inhérente au numérique, l’usage massif des techniques de suivi des utilisateurs a une histoire propre, qui aide à mieux comprendre les problématiques actuelles.

Dans les premiers temps du Web, l’enjeu essentiel était celui de classer l’information disponible, selon une organisation inédite des savoirs. Aux mesures imprécises de la popularité des sites internet se sont par la suite substituées des formes nouvelles de classement des ressources en ligne, avec le développement d’algorithmes attribuant à chaque site une autorité, à la manière du fameux PageRank de Google. L’émergence des réseaux sociaux, qui valorisent la réputation de leurs membres à travers des métriques, dont le like est la figure emblématique, a ouvert de nouveaux modes de représentation, dont on commence seulement à comprendre les effets. Les mesures prédictives, qui déduisent des recommandations de consommation à partir des traces de l’activité numérique des utilisateurs, constituent la dernière étape de cette histoire.

Ce mode de calcul, qui repose sur la généralisation de techniques d’apprentissage automatique et se nourrit de la massification des traces numériques, remet directement en cause la position de Certeau. Les systèmes de recommandation viennent en quelque sorte combler une lacune dans la surveillance des individus, par leur capacité de mémoriser, de comprendre et d’influencer nos choix de consommation – et même nos choix politiques, comme l’a mis en évidence l’affaire Cambridge Analytica. Comparant les choix des individus avec ceux du reste de la population, ces algorithmes, qui fonctionnent comme des boîtes noires, tirent leur pouvoir de l’hypothèse que des personnes qui se ressemblent tendent à agir de même, donc à acheter des objets similaires. Comme l’indique le sociologue du numérique Dominique Cardon : « Il est à peine inconvenant de dire que les automates fonctionnent en faisant confiance à l’algorithme de leurs utilisateurs, leur habitus. La plupart du temps, les prédictions algorithmiques ne font que confirmer, en leur donnant une amplitude plus ou moins grande, des lois sociales bien connues6. »

Ce que ces algorithmes vendent avant tout, leur produit le plus précieux, c’est donc bien leur capacité à prédire le comportement du consommateur, afin de l’accompagner et d’asseoir sur lui une emprise. Ce système d’accompagnement méticuleux à la consommation, qui structure désormais l’action des institutions et qui prend le visage des « influenceurs » pour feindre une proximité amicale (sur Instagram et TikTok notamment), stimule quotidiennement les achats des utilisateurs.

Loin d’être un progrès bénéfique, ce processus d’acquisition de données issues de l’activité numérique est une source de tensions dans la société contemporaine. Cette capacité de prédire, qui laisse croire que nos comportements seraient complètement déterminés, réactive la peur du contrôle et de la surveillance des régimes totalitaires. La succession de scandales, notamment les pratiques de surveillance révélées par Edward Snowden, a exacerbé notre sentiment de fragilité vis-à-vis des grands systèmes numériques et inscrit une inquiétude profonde à l’égard des instruments de surveillance de l’État. Dans cet imaginaire sécuritaire, le régime de Xi Jinping, avec ses systèmes de reconnaissance faciale et de crédit social, incarne en Occident la peur de la réalisation de cette société du contrôle. Certeau lui-même semble avoir entrevu cette dystopie contemporaine, lorsqu’il évoque un paysage urbain qui ressemble à une mégapole chinoise d’aujourd’hui : « C’est une foule souple et continue, tissée comme une étoffe sans déchirure ni reprise, une multitude de héros quantifiés qui perdent noms et visages en devenant le langage mobile de calculs et rationalités n’appartenant à personne. Fleuves chiffrés de la rue7. »

Cette société de contrôle repose sur des technologies portées par des entreprises privées, dont le rapport à l’État et à la société constitue le cœur des enjeux de pouvoir8. Les plateformes américaines font ainsi l’objet de critiques virulentes de la part de responsables politiques comme de citoyens, concernant leur marchandisation de la vie privée des internautes. La protection des données personnelles semble désormais prise en considération par les utilisateurs, l’application de messagerie WhatsApp connaissant par exemple un désengagement massif d’utilisateurs à la suite d’une mise à jour plus restrictive de ses conditions d’utilisation. En matière de libertés numériques, le réflexe contemporain reste toutefois de se tourner vers les institutions, à la manière des révélations de Frances Haugen, ancienne responsable de Facebook, révélant devant le Sénat américain les mécanismes de polarisation politique délibérément mis en place par l’entreprise de Mark Zuckerberg. Cette perspective stratégique, selon laquelle la lutte se joue exclusivement dans l’arène politique, place l’individu dans un espace d’attente passive, sans horizon pour sa réflexion et son action personnelles.

À l’heure où ces réactions se multiplient, la solution radicale du désengagement des réseaux sociaux peine à convaincre. La défense de l’abstinence à l’égard des réseaux sociaux et de la vie connectée s’apparente en effet à la promotion d’une vie ascétique. Elle représente même une forme de violence à l’égard de l’activité sociale et des relations personnelles, pour lesquelles le numérique est devenu indispensable. À cette contrainte s’ajoute un véritable désir de se mettre en scène sur les réseaux sociaux. Comme l’a justement mis en évidence Bernard Harcourt, le suivi des données personnelles sur les plateformes numériques, loin de résulter d’une discipline quelconque, joue sur le plaisir qu’ont les individus à s’exposer9. Lorsque l’on partage une dernière publication sur Twitter, comme l’a fait le critique américain à l’occasion de la parution de son ouvrage, c’est toujours dans l’espoir d’une approbation sociale. La société virtuelle repose ainsi sur notre besoin de reconnaissance, jusqu’à provoquer des formes d’addictions sévères10. En définitive, le village mondial des réseaux sociaux n’est pas devenu la société de surveillance décrite par Foucault, ni la société du contrôle envisagée par Deleuze, mais bien d’une « société d’exposition », où les individus désirent s’offrir spontanément sur ces plateformes.

La tactique numérique

Dès lors que le numérique devient une partie intégrante de nos manières de vivre, les stratégies institutionnelles de protection des données personnelles ne sauraient répondre à elles seules au problème. La liberté n’est pas uniquement à protéger ; elle se pratique. Elle « ne s’use que quand on ne s’en sert pas », comme l’énonce un célèbre volatile. C’est la direction que pointe Certeau lorsque, face à l’extension du « quadrillage de la “surveillance” » identifié par Foucault, il insiste sur l’observation des multiples pratiques de réappropriation de l’espace. Par rapport à la stratégie collective qui s’exerce au niveau du pouvoir, Certeau définit la tactique : « Sans lieu propre, sans vision globalisante, aveugle et perspicace comme on l’est dans le corps à corps sans distance, commandée par les hasards du temps, la tactique est déterminée par l’absence de pouvoir comme la stratégie est organisée par le postulat d’un pouvoir11. »

La liberté n’est pas uniquement à protéger ; elle se pratique.

Ce corps-à-corps tactique s’incarne de manière historique dans les pratiques des acteurs, dont les traces témoignent de cette inventivité arrachée aux institutions qui les encadrent. Relisant Certeau sous l’angle de l’histoire du travail, Michelle Perrot traque dans les usines la fabrication d’interstices par les ouvriers, qui se saisissent des espaces neutres, à commencer par cette marche frontière par excellence qu’est la douche, « cet espace plus convivial [où] s’accroche la mémoire ouvrière12 ».

À la lumière des propos de Certeau, le champ de contraintes et de stratégies institutionnelles et juridiques prend un nouveau visage : la liberté individuelle s’y déploie dans les marges. Cette intelligence tactique de l’utilisateur des réseaux sociaux s’est exprimée spontanément dans les milieux universitaires lors de la première crise sanitaire, avec la création du groupe Facebook de la « Bibliothèque solidaire du confinement », rapidement devenu une plateforme d’échange de références, de conseils et de soutiens incontournable pour les étudiants13.

La sociologie du numérique parvient à se saisir de ces marges, par exemple sur les forums d’amateurs de pornographie. Une personne répondant au pseudonyme « Bertrand » déclare : « Internet, ça a un côté où tu te sens libre. » Au-delà du simple masque, ce pseudonyme est un véritable personnage, repris de site en site, « capable de parler de ses goûts et de ses fantasmes pornographiques14 ». Irréductible au statut de récepteur passif de scènes sexuelles, le consommateur trouve dans son emploi des forums pornographiques une liberté qui lui est propre.

Cette attention aux marges passe nécessairement par une maîtrise de l’écriture numérique. Tant que l’utilisateur du numérique ne disposera pas de l’accès à la matière première, il est condamné à rester en surface de ce monde virtuel, à la merci des pratiques des maîtres de l’écriture contemporaine. Si le graphisme de Facebook est simple, son archéologie informatique est complexe. C’est cette connaissance de la stratigraphie des fonctions informatiques qui conduit l’utilisateur à se tourner vers des pratiques alternatives, comme le service de messagerie cryptée Signal. Face à l’hégémonie des plateformes numériques, il appartient désormais aux lettrés de réécrire, ligne de code par ligne de code, le monde virtuel selon un authentique désir de savoir et de liberté15. C’est à partir de cette connaissance technique que l’intelligence tactique des utilisateurs pourra spontanément se déployer face aux manipulations des prédateurs du numérique.

Cette connaissance partagée nécessite un effort d’éducation de longue haleine. En attendant, prenant acte de l’impréparation collective, c’est le corps-à-corps de la tactique qu’il faut privilégier. Le « bricolage créatif » cher à Michel de Certeau ouvre ainsi la possibilité de s’approprier des activités virtuelles banales, de naviguer librement sur Twitter, Instagram ou Tinder. Certeau, en ce sens, ne nous fournit pas une réponse prête à l’emploi, mais nous rappelle à cette ruse de l’intelligence, propre à l’homme, qu’il perd parfois de vue face aux illusions d’un système.


Peut-être faudrait-il commencer par s’interroger sur la façon dont nous utilisons les réseaux sociaux, pour être en mesure, ensuite, de réécrire le monde numérique ? Cette remise en question, dans un univers de stimulation permanente des désirs, serait le premier pas vers une libre invention et réappropriation de soi-même. Notre réflexion invite ainsi les utilisateurs du numérique à préparer « nos cheminements à se perdre dans la foule16  ».

  • 1. Michel de Certeau, L’Invention du quotidien, t. I, Arts de faire [1980], éd. Luce Giard, Paris, Gallimard, 1990.
  • 2. François-Xavier Dumortier, « Ouverture », dans L. Giard (sous la dir. de), Michel de Certeau. Le voyage de l’œuvre, Paris, Facultés jésuites de Paris, 2017, p. 11.
  • 3. Michel Foucault, « Qu’est-ce qu’un auteur ? » [1969], dans Dits et écrits I. 1954-1975, éd. sous la dir. de Patrick Defert et François Ewald avec la collaboration de Jacques Lagrange, Paris, Gallimard, 2001, p. 838.
  • 4. M. de Certeau, La Prise de parole et autres écrits politiques [1968], éd. établie et présentée par L. Giard, Paris, Seuil, coll. « Points Essais », 1994, p. 133, cité par L. Giard, « Histoire d’une recherche », dans M. de Certeau, L’Invention du quotidien, t. I, op. cit., p. vi.
  • 5. M. de Certeau, L’Invention du quotidien, t. I, op. cit., p. 150.
  • 6. Dominique Cardon, À quoi rêvent les algorithmes. Nos vies à l’heure des big data, Paris, Seuil, 2015, p. 65. Les éléments donnés dans le paragraphe précédent sur « les quatre familles du calcul numérique » proviennent également de cet ouvrage.
  • 7. M. de Certeau, L’Invention du quotidien, t. I, op. cit., p. 12.
  • 8. Voir l’entretien avec Séverine Arsène, « Le pouvoir numérique chinois », Esprit, décembre 2020.
  • 9. Bernard E. Harcourt, La Société d’exposition. Désir et désobéissance à l’ère numérique [2016], trad. par Sophie Renaut, Paris, Seuil, 2020.
  • 10. Voir l’intervention de Frédéric Gros à la séance « Désobéissance numérique » [en ligne] du séminaire TransNum du Médialab de Sciences Po, le 23 avril 2021.
  • 11. M. de Certeau, L’Invention du quotidien, t. I, op. cit., p. 62.
  • 12. Michelle Perrot, « Mille manières de braconner », Le Débat, no 49, 1988, p. 117-121.
  • 13. Voir Clément Bert-Erboul, Sylvie Fayet et Louis Wiart (sous la dir. de), À l’ombre des bibliothèques. Enquête sur les formes d’existence des bibliothèques en situation de fermeture sanitaire, Paris, Presses de l’École nationale supérieure des sciences de l’information et des bibliothèques, coll. « La Numérique », à paraître en février 2022.
  • 14. Voir Florian Vörös, Désirer comme un homme. Enquête sur les fantasmes et les masculinités, Paris, La Découverte, coll. « Sciences humaines », 2020.
  • 15. Voir Éric Guichard, « Les nouveaux maîtres de l’écriture du monde », Contemporary French and Francophone Studies, vol. 23, no 4, “The Google Era?”, 2019, p. 490-501.
  • 16. M. de Certeau, L’Invention du quotidien, op. cit., p. xxxiv.

Beatrice Latini

Doctorante en littérature contemporaine à l’université Sorbonne Nouvelle, elle travaille sur les formes d’auctorialité sur les réseaux sociaux.

Jules Rostand

Diplômé de Science Po, il travaille sur l’application des méthodes informatiques à l’administration publique et à la recherche en histoire ; il est aussi rédacteur en chef de la revue l’Esprit européen.

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