
Une école en péril de sens
C’est bien l’aventure du sens qui convainc les élèves : celle d’un savoir unifié, clarifié et réflexif, épousé par eux au terme de la vraie méthode, le chemin après qu’on l’a parcouru. L’universel du sens permet en effet le partage du commun contre la guerre des mémoires et l’atrophie moderne de l’intelligence.
« Qu’il sache qu’il sait, au moins[1] »
Je ne souhaite évidemment pas aborder le sujet de l’école en revenant à une mentalité archaïque pré-sociologique, ou en faisant fi des bilans nombreux qui, d’hier à aujourd’hui, auscultent les maux de cette institution. J’ai souligné, chaque fois qu’il m’en a été donné l’occasion, l’importance d’un dialogue fécond, devenu incontournable, avec les sciences humaines pour conjurer dans ce domaine toute approche essentialisée, ritualisée par une tradition devenue le bras mort du temps. Ma lassitude, mais aussi, heureusement car elle est inspirante, mon indignation devant l’interprétation d’un certain nombre de dysfonctionnements et leur gestion étourdie par les experts et les autorités politiques de l’Éducation nationale, sont ceux d’un professeur généraliste, que son parcours a mis en contact avec les réalités pédagogiques du terrain – collège, lycée, université, classes préparatoires –, une carrière où militantisme politique et souci épistémologique sont toujours allés de pair. Or la leço