Do not follow this hidden link or you will be blocked from this website !

Photo : http://cetobac.ehess.fr
Photo : http://cetobac.ehess.fr
Dans le même numéro

Le génocide des Ouïgours

Aboutissement d’un projet colonial

juil./août 2021

De longue date la région ouïgoure a connu une colonisation de peuplement, visant l’appropriation des terres et l’élimination de la culture autochtone. Depuis l’arrivée au pouvoir de Xi Jinping en 2012, la criminalisation de la population, les camps de concentration et les campagnes de stérilisation autorisent à parler d’un génocide.

Que se passe-t-il entre l’État chinois et la population ouïgoure ? Pourquoi parle-t-on aujourd’hui de génocide ? Quel est le fond du conflit sino-ouïgour ? Nous tenterons de répondre à ces questions en expliquant le processus colonial qui s’est progressivement mis en place et fortement aggravé au cours des dernières décennies. On peut le caractériser comme un développement totalitaire, associant un système dictatorial de type stalinien à une économie capitaliste sauvage propre au régime chinois actuel.

Les Ouïgours et la colonisation chinoise

Autochtones de l’Asie centrale, les Ouïgours représentent la majeure partie de la population de la région ouïgoure. Ils font partie des peuples turciques comme les Ouzbeks, les Kazakhs, les Kirghiz, les Tatars et les Turkmènes en Asie centrale. D’un point de vue démographique, ils sont aujourd’hui douze millions sur leur territoire (selon les statistiques chinoises) et environ un million dans la diaspora.

La population ouïgoure est l’héritière d’une longue histoire mouvementée. Étant donné sa situation stratégique au cœur du continent eurasiatique, le long de la route de la soie (datant du iie siècle), tant les populations nomades comme les Xiongnu, les Türks et les Mongols que celles, sédentaires, des villes-oasis du bassin du Tarim s’y rencontrent, donnant lieu à de nombreux échanges commerciaux, culturels, artistiques, technologiques, religieux et idéologiques1. Les Ouïgours sont très majoritairement des musulmans sunnites.

En 1884, l’empire sino-mandchou des Qing conquiert la région ouïgoure et la nomme Xinjiang, qui signifie « la nouvelle frontière » en mandarin. Ce nom est rejeté par la population, notamment dans la diaspora, qui lui préfère le nom politique de Turkestan oriental ou Uyghuristan. Cette région partage ses frontières avec la Russie et la Mongolie au nord, avec le Kazakhstan à l’ouest, avec le Kirghizstan, le Pakistan, le Cachemire et l’Afghanistan au sud-ouest, avec le Tibet au sud et enfin avec la province chinoise de Gansu à l’est.

Le gouvernement central de Chine, ravagée par les guerres civiles après la chute de l’empire (1911) et par l’invasion japonaise (1937-1945), délaissa durant cette période la région ouïgoure, ce qui permit l’instauration en 1933 de la République turque islamique du Turkestan oriental. Écrasée par l’armée soviétique et par les forces de Sheng Shicai, le tout nouveau gouverneur de la région, cette République n’a pu se maintenir que jusqu’en février 1934. Le 12 novembre 1944, la seconde République du Turkestan oriental, laïque et prosoviétique, est fondée avec le soutien soviétique et dure jusqu’à la proclamation de la Chine communiste, dont l’Armée populaire envahit la jeune République en octobre 1949 avec l’aide de Staline2.

La Chine communiste, qui a hérité du vaste territoire colonial de la dynastie mandchoue, a décidé d’adopter le système soviétique de gestion des régions conquises. Mais, contrairement à leurs homologues soviétiques, les « régions autonomes » ethniques de la Chine n’étaient guère autonomes : elles n’avaient pas le droit de faire sécession et très peu de membres autochtones du Parti n’atteignaient des postes de pouvoir importants au sein du gouvernement. De plus, en 1959, le Parti communiste chinois a développé l’idée que la région ouïgoure était une partie historique de la Chine – une position qu’il maintient fermement à ce jour3.

Une colonisation du peuplement ?

L’histoire coloniale de la région ouïgoure, qui n’a été prise en compte que très récemment par des historiens sinologues, correspond à ce que Patrick Wolfe et Lorenzo Veracini appellent « une colonisation de peuplement4 ». La colonisation de peuplement vise à détruire la population autochtone pour la remplacer par des colons, tandis que la colonisation classique cherche à dominer les colonisés. Cette dernière peut prendre fin avec le départ des colons, alors que la colonisation de peuplement s’inscrit dans une « logique d’élimination » des autochtones, comme c’est le cas pour les Ouïgours.

Le Bingtuan

Dès l’annexion de la région ouïgoure par l’Armée populaire chinoise, le régime communiste a compris que la gestion de cette colonie aux frontières occidentales, si différente du reste de la Chine d’un point de vue culturel, linguistique et confessionnel et qui occupe un sixième du territoire chinois, n’allait pas être aisée. Les Chinois alors présents ne constituaient que 4 % de la population, contre 80 % de Ouïgours. Ainsi, une institution paramilitaire nommée Bingtuan (Corps de construction et de production du Xinjiang) est créée en 1954 avec 80 000 soldats capturés ou repentis de l’armée nationaliste. Des femmes chinoises de la Chine rurale sont recrutées et mariées à ces soldats dans le but de motiver les troupes coloniales et d’assurer le peuplement de la région par des Chinois5. Composés presque entièrement par des Hans, ses membres doivent gérer les terres cultivables de la région en temps normal, tout en restant des soldats prêts à être déployés en cas de révolte ou de manifestation des populations autochtones.

Unique en son genre en Chine populaire, le Bingtuan est devenu un État dans l’État depuis les années 1990 : il gère ses propres écoles, hôpitaux et journaux, il dispose de ses propres tribunaux, de sa police et de ses prisons ainsi que d’une milice de 120 000 hommes, et il représente 2, 7 millions d’individus en 2014. Désormais, le Bingtuan est une entreprise publique de plusieurs milliards de dollars, possédant plus de 850 000 entreprises dans 147 pays6. Zhang Qingli, alors chef adjoint du Parti de la région ouïgoure, a déclaré en 2004 : « Tant que le Xinjiang aura des forces séparatistes ethniques contestataires, le Bingtuan existera7. » En effet, les troupes du Bingtuan ont joué un rôle essentiel dans la répression des révoltes ouïgoures depuis sa création, notamment le massacre de juillet 2009 à Urumqi.

La colonisation de peuplement consiste à éliminer la population autochtone, non pas pour une différence de race ou de religion, mais afin d’accéder au territoire. De ce point de vue, l’instauration du Bingtuan et le renforcement de son pouvoir montrent cette volonté d’élimination des autochtones pour s’approprier les terres.

Colonisation culturelle

Le statut d’autonomie accordée en 1955 et la loi sur les droits des minorités ne sont pas suffisamment garantis par la Constitution de 1978. La loi d’autonomie promulguée en 1984 n’accorde en réalité qu’une très faible autonomie. Du fait de l’immigration massive des Hans, la région ouïgoure n’appartient plus à la population autochtone. En effet, outre l’inversion démographique, la politique menée par l’empire chinois conduit à la concentration du pouvoir entre les seules mains des Hans, à l’exclusion totale de la population ouïgoure du monde industriel et urbain, à une accentuation des inégalités persistantes entre Hans et autochtones, particulièrement en termes d’accès à l’éducation, aux emplois qualifiés et aux richesses8.

On constate nombre de restrictions et interdictions envers les pratiques religieuses et culturelles, comme l’élimination de la langue ouïgoure dans l’enseignement, ainsi que des discriminations sur le marché du travail et dans différents domaines de la vie sociale et professionnelle. Le taux de chômage, de 4 % selon les données officielles, s’élèverait en réalité à 8 % chez les Ouïgours9. Les actes violents, sporadiquement rapportés dans les médias, s’expliquent par les sentiments de rejet et d’impuissance de la population.

Cependant, ces discriminations ont augmenté depuis l’arrivée au pouvoir de Xi Jinping fin 2012. Ce dernier a en effet généralisé la politique de surveillance et de contrôle des Ouïgours, en s’appuyant sur la reconnaissance faciale et l’intelligence artificielle. Trois attaques meurtrières, survenues entre 2013 et 2014 à Pékin, Kunming et dans la capitale ouïgoure et visant des civils, ont été attribuées aux Ouïgours par le gouvernement, sans qu’aucune enquête indépendante ne le confirme. Cette construction politique d’un ennemi intérieur, soutenue par le pouvoir chinois depuis les attentats du 11 septembre 2001, aboutit au succès escompté par le gouvernement.

La trajectoire des efforts de plusieurs décennies du Parti-État pour intégrer et contrôler la région ouïgoure a été définie par des stratégies à long terme conçues pour construire un « nouveau Xinjiang » dominé par les modes de vie politiques, économiques et culturels des Hans. Or, dans des situations coloniales, le pouvoir dominant sous-estime souvent la résistance des colonisés, tout en essayant de les rendre dociles et fragiles. Différentes stratégies de résistances existent pour la population colonisée, telles que des attaques anticoloniales, l’automutilation, l’évasion ou encore des formes de résistances symboliques, comme les productions culturelles ou littéraires.

La légitimation d’un terrorisme colonial chinois

Dans l’histoire récente de la région ouïgoure, révoltes, insurrections et rebellions contre l’État central chinois n’ont jamais cessé. Elles sont portées par des mouvements nationalistes qui ne font aucune référence à la question religieuse comme facteur de tensions. Pourquoi la religion devient-elle centrale à partir du 11 septembre 2001 ? Le terme de « séparatisme », employé jusqu’alors par les autorités, a été remplacé par celui de « terrorisme ».

À la suite de l’attentat du 11 septembre 2001, les États-Unis, afin d’obtenir le soutien du gouvernement chinois concernant son invasion de l’Afghanistan, ont en effet immédiatement inscrit une organisation ouïgoure, qui aurait trouvé refuge en Afghanistan sous le nom de Mouvement islamique du Turkestan oriental (MITO), sur sa liste des organisations terroristes. Personne n’en avait entendu parler, mais en Chine, à partir de ce moment-là, le gouvernement central attribue toute expression de mécontentement ou de protestation ouïgoure au mouvement terroriste MITO10. En novembre 2020, l’administration américaine a finalement supprimé cette organisation fantôme de sa liste terroriste, affirmant qu’elle n’avait jamais existé.

Cependant, le mal était fait et de nombreux Ouïgours ont disparu sous prétexte de leur appartenance au MITO. La criminalisation de l’ensemble de la population ouïgoure au nom de la lutte antiterroriste, mise en œuvre par le gouvernement, réduit cette population à l’état de nuisibles. La stratégie chinoise de criminalisation d’un peuple par le régime colonial s’inscrit dans ce que Foucault appelle biopolitique, stigmatisant les colonisés comme improductifs, potentiellement infectieux et dangereux11.

Rêve chinois et génocide ouïgour

Le récit national proposé par Xi Jinping en novembre 2012, son « rêve chinois », compte se réaliser à travers le gigantesque projet de « la ceinture et la route » (Belt and Road Initiative), communément appelé « nouvelle route de la soie ». Pour son concepteur, ce rêve porte la vision du développement de la Chine au cours des prochaines décennies, fixe un thème unificateur pour les Chinois, et exprime le désir de l’État chinois d’accéder au statut de grande puissance, autour du « rajeunissement national12 ». Cependant, ce récit national nourrit les sentiments ultranationalistes et la montée de la xénophobie dans la société chinoise13. Dans ce contexte, la région ouïgoure joue un rôle stratégique en raison de sa situation géographique, reliant la Chine à l’Europe par plusieurs routes terrestres ou maritimes (via le Pakistan voisin). Mais les importantes différences culturelles, linguistiques et religieuses des populations turciques de cette région et le rôle unificateur de la religion dans le maintien d’un nationalisme local deviennent des obstacles sérieux à la réussite du projet aux yeux du pouvoir colonial chinois.

Camps de concentration et surveillance de masse

Dans des documents internes, dès 2014, l’idée d’éradiquer le problème ouïgour est formulée au nom de la guerre populaire contre le terrorisme. Dans les années précédentes, les téléphones étaient fouillés afin de repérer des images ou des messages à caractère religieux ou nationaliste et d’arrêter des membres de la population ouïgoure, mais cette démarche n’était pas systématique. La surveillance des villes ouïgoures a été généralisée et accrue : mise en place de caméras, installation de GPS de surveillance dans les voitures des particuliers, instauration d’un permis de circulation pour les Ouïgours afin de contraindre leurs déplacements à l’intérieur de la région. Par ailleurs, un texte de loi a été promulgué pour encourager les mariages interethniques entre Chinois et Ouïgours.

L’idée d’éradiquer le problème ouïgour est formulée au nom de la guerre populaire contre le terrorisme.

En août 2016, le président chinois Xi Jinping a nommé Chen Quanguo au poste du secrétaire général du Parti de la région ouïgoure. Connu pour sa gestion ferme du Tibet entre 2011 et 2016, Chen est ainsi chargé de la sinisation définitive du pays ouïgour. Dès son arrivée, une atmosphère de terreur s’installe dans la région. Dans un premier temps, différentes nouvelles mesures de surveillance sont annoncées et aussitôt mises en place afin d’atteindre l’objectif de « stabilisation ». Le budget de la région est très largement investi dans la construction de camps de concentration et la sécurité14. Une liste de soixante-quinze signes de radicalisation sert de justification à des arrestations massives de Ouïgours afin de remplir les camps de concentration ethniques et religieux qui sont construits dans toute la région à partir de fin 2016. Les écoles ouïgoures et kazakhes ont été fusionnées avec les écoles chinoises, où la langue ouïgoure est interdite d’enseignement depuis 2017.

En 2018, l’Organisation des Nations unies parlait d’au moins un million de personnes internées dans ces camps, dont une grande majorité de Ouïgours. Les arrestations ciblent dans un premier temps les élites intellectuelles, artistiques, sportives, économiques et religieuses. Les motifs de radicalisation (port de signes religieux, voyages, études ou simple contact à l’étranger, dépassement du nombre d’enfants permis par la loi) fournissent les principales raisons des arrestations. En outre, la politique de surveillance des familles turciques au sein de leur foyer par des fonctionnaires chinois envoyés par le Parti depuis 2016 a également permis l’arrestation en grand nombre de la population rurale.

Ethnocide, génocide culturel ou génocide ?

À partir de 2018, divers médias ont commencé à diffuser des informations sur la terrible répression chinoise contre les Ouïgours. Les journalistes s’appuient sur les preuves établies par des chercheurs concernant la construction des camps et l’estimation du nombre de personnes détenues, sur les infrastructures multiples de la surveillance de masse, sur des reportages des journalistes occidentaux se rendant à Urumqi afin de filmer le climat de terreur, mais aussi sur les témoignages des rares rescapés qui commencent à sortir de la région. Ceux-ci décrivent un environnement inhumain, des tortures psychiques et physiques. De son côté, le gouvernement chinois a nié en bloc l’existence de camps jusqu’en octobre 2018. À partir de cette date, il commence à adopter une stratégie de communication différente pour justifier la présence de ces camps qu’il appelle « centres de rééducation et de formation professionnelle », et qu’il présente comme l’effort chinois contre la radicalisation terroriste des Ouïgours.

Fin 2019, plusieurs séries de documents confidentiels chinois révèlent que Xi Jinping ordonne aux autorités de la région de n’avoir aucune pitié envers les Ouïgours et justifie le système concentrationnaire15. Entre 2018 et 2019, des termes comme « ethnocide » ou « génocide culturel » ont été employés pour qualifier les interdictions de pratiques culturelles et religieuses, le bannissement de la langue ouïgoure dans le milieu éducatif, les destructions massives de mosquées, de cimetières et d’autres lieux de culte, l’imposition de la culture chinoise (notamment les fêtes et la cuisine), et la détention des intellectuels et des artistes ouïgours. Ces désignations sont problématiques dans la mesure où l’on ne dispose pas de données précises sur le nombre de vies perdues et de personnes détenues et réduites à l’état d’esclaves16.

En été 2020, Adrian Zenz révèle que les femmes ouïgoures représentent plus de 80 % des stérilisations réalisées en Chine (alors qu’elles représentent moins de 2 % de la population nationale), entraînant la chute vertigineuse du taux de natalité (– 50 % en deux ans) chez les Ouïgours17. Cette révélation a conduit des chercheurs et des juristes à parler de génocide, selon la définition de l’ONU18.

L’administration américaine a été la première à qualifier les horreurs commises par les Chinois sur les Ouïgours de génocide, suivie par les Parlements canadiens et hollandais, et récemment par la Chambre des communes du Royaume-Uni. En Belgique, des députés verts ont déposé au Parlement fédéral un projet de résolution demandant la reconnaissance du caractère génocidaire de la répression.

Si les premières étapes de la colonisation ne permettaient pas de dévoiler la véritable nature de la situation actuelle, les révélations récentes sur le mode de fonctionnement des camps de concentration et la stérilisation massive des femmes permettent désormais de parler du génocide des Ouïgours en Chine.

  • 1.Voir James Millward, Eurasian Crossroads: A History of Xinjiang, New York, Columbia University Press, 2007.
  • 2.Voir Charles Kraus, “How Stalin elevated the Chinese Communist Party to power in Xinjiang in 1949” [en ligne], Wilson Center, 11 mai 2018.
  • 3.Voir Sean R. Roberts, “The roots of cultural genocide in Xinjiang: China’s imperial past hangs over the Uyghurs”, Foreign Affairs, 10 février 2021.
  • 4.Voir Patrick Wolfe, “Settler colonialism and the elimination of the native”, Journal of Genocide Research., vol. 8, no 4, 2006, p. 387-409 ; Lorenzo Veracini, “Introducing settler colonial studies”, Settler Colonial Studies, vol. 1, no 1, 2011, p. 1-12. Auparavant, Dru Gladney avait timidement parlé de « colonialisme interne » : Dru C. Gladney, “Internal colonialism and the Uyghur nationality: Chinese nationalism and its subaltern subjects” [en ligne], Cahiers d’études sur la Méditerranée orientale et le monde turco-iranien, no 25, 1998.
  • 5.Voir James Millward & Dahlia Peterson, “China’s system of oppression in Xinjiang: How it developed and how to curb it” [en ligne], Brookings Institution, Global China, 2020.
  • 6.Voir Uyghur Human Rights Project, The Bingtuan: China’s Paramilitary Colonizing Force in East Turkestan [en ligne], 2018.
  • 7.Cité dans Michael Clarke, “Settler colonialism and the path toward cultural genocide in Xinjiang”, Global Responsibility to Protect, vol. 13, no 1, février 2021, p. 9-19.
  • 8.Voir Gardner Bovingdon, “Autonomy in Xinjiang: Han nationalist imperatives and Uyghur discontent” [en ligne], East-West Center Policy Studies, no 11, 2004 ; Anthony Howell et C. Cindy Fan, “Migration and inequality in Xinjiang: A survey of Han and Uyghur migrants in Urumqi”, Eurasian Geographics and Economics, vol. 52, no 1, 2011, p. 119-139.
  • 9.Voir Timothy A. Grose, “The Xinjiang Class: Education, integration, and the Uyghurs”, Journal of Muslim Minority Affairs, vol. 30, no 1, 2010, p. 97-109.
  • 10.Voir Sean R. Roberts, “Imaginary terrorism? The global war on terror and the narrative of the Uyghur terrorist threat” [en ligne], PONARS Eurasia Working Paper, mars 2012.
  • 11.Voir S. R. Roberts, “The biopolitics of China’s ‘war on terror’ and the exclusion of the Uyghurs”, Critical Asian Studies, vol. 50, no 2, 2018, p. 232-258.
  • 12.Voir Zheng Wang, “The Chinese dream: Concept and context”, Journal of Chinese Political Science, vol. 19, 2014, p. 1-13.
  • 13.Voir Anna Hayes, “Interwoven ‘destinies’: The significance of Xinjiang to the China dream, the Belt and Road Initiative, and the Xi Jinping legacy”, Journal of Contemporary China, vol. 29, no 121, 2019, p. 31-45.
  • 14.Voir Adrian Zenz, “Xinjiang’s re-education and securitization campaign: Evidence from domestic security budgets” [en ligne], Jamestown Foundation, China Brief, vol. 17, no 18, novembre 2018.
  • 15.Voir Austin Ramzy et Chris Buckley, “‘Absolutely no mercy’: Leaked files expose how China organized mass detentions of Muslims”, The New York Times, 16 novembre 2019.
  • 16.Un rapport de l’Australian Strategic Policy Institute détaille en mars 2020 l’implication de quatre-vingt-trois marques internationales dans le travail forcé d’au moins 80 000 Ouïgours (y compris des détenus des camps) : Vicky Xiuzhong Xu, avec Danielle Cave, Dr James Leibold, Kelsey Munro et Nathan Ruser, “Uyghurs for sale: ‘Re-education’, forced labour and surveillance beyond Xinjiang” [en ligne], ASPI International Cyber Policy Centre, Policy Brief Report, no 26, mars 2020. Voir aussi A. Zenz, “Coercive labor and forced displacement in Xinjiang’s cross-regional labor transfer program” [en ligne], Jamestown Foundation, mars 2021.
  • 17.Voir A. Zenz, “Sterilizations, IUDs, and mandatory birth control: The CCP’s campaign to suppress Uyghur birthrates in Xinjiang” [en ligne], Jamestown Foundation, 29 juin 2020.
  • 18.Voir Joanne Smith Finley, “Why scholars and activists increasingly fear a Uyghur genocide in Xinjiang” [en ligne], Journal of Genocide Research, novembre 2020. Finley identifie trois phases du « génocide colonial » : une invasion coloniale, qui suscite des résistances contre les colons, qui conduit à un enfermement massif des autochtones dans des camps de concentration, où la population colonisée est soumise à toutes sortes de tortures. Voir aussi Azeem Ibrahim et al., “The Uyghur genocide: An examination of China’s breaches of the 1948 Genocide Convention” [en ligne], Newslines Institute for Strategy and Policy/Raoul Wallenberg Centre for Human Rights, 8 mars 2021.

Dilnur Reyhan

Présidente de l’Institut ouïghour d’Europe, post-doctorante en sociologie à l’université libre de Bruxelles, enseignante à l’Inalco, Dilnur Reyhan dirige la revue Regards sur les Ouïghour· es.

Dans le même numéro

Politiques de la littérature

Nos attentes à l’égard de la littérature ont changé. Autant qu’une expérience esthétique, nous y cherchons aujourd’hui des ressources pour comprendre le monde contemporain, voire le transformer. En témoigne l’importance prise par les enjeux d’écologie, de féminisme ou de dénonciation des inégalités dans la littérature de ce début du XXIe siècle, qui prend des formes renouvelées : le « roman à thèse » laisse volontiers place à une littérature de témoignage ou d’enquête. Ce dossier, coordonné par Anne Dujin et Alexandre Gefen, explore cette réarticulation de la littérature avec les questions morales et politiques, qui interroge à la fois le statut de l’écrivain aujourd’hui, les frontières de la littérature, la manière dont nous en jugeons et ce que nous en attendons. Avec des textes de Felwine Sarr, Gisèle Sapiro, Jean-Claude Pinson, Alice Zeniter, François Bon.