
Le génocide des Ouïgours
Aboutissement d’un projet colonial
De longue date la région ouïgoure a connu une colonisation de peuplement, visant l’appropriation des terres et l’élimination de la culture autochtone. Depuis l’arrivée au pouvoir de Xi Jinping en 2012, la criminalisation de la population, les camps de concentration et les campagnes de stérilisation autorisent à parler d’un génocide.
Que se passe-t-il entre l’État chinois et la population ouïgoure ? Pourquoi parle-t-on aujourd’hui de génocide ? Quel est le fond du conflit sino-ouïgour ? Nous tenterons de répondre à ces questions en expliquant le processus colonial qui s’est progressivement mis en place et fortement aggravé au cours des dernières décennies. On peut le caractériser comme un développement totalitaire, associant un système dictatorial de type stalinien à une économie capitaliste sauvage propre au régime chinois actuel.
Les Ouïgours et la colonisation chinoise
Autochtones de l’Asie centrale, les Ouïgours représentent la majeure partie de la population de la région ouïgoure. Ils font partie des peuples turciques comme les Ouzbeks, les Kazakhs, les Kirghiz, les Tatars et les Turkmènes en Asie centrale. D’un point de vue démographique, ils sont aujourd’hui douze millions sur leur territoire (selon les statistiques chinoises) et environ un million dans la diaspora.
La population ouïgoure est l’héritière d’une longue histoire mouvementée. Étant donné sa situation stratégique au cœur du continent eurasiatique, le long de la route de la soie (datant du iie siècle), tant les populations nomades comme les Xiongnu, les Türks et les Mongols que celles, sédentaires, des villes-oasis du bassin du Tarim s’y rencontrent, donnant lieu à de nombreux échanges commerciaux, culturels, artistiques, technologiques, religieux et idéologique