
Ce que l'hindouisme recouvre
L’image de l’Inde indépendante associée à l’autorité de Gandhi cache l’oppression millénaire des castes inférieures, assurée au XXe siècle par l’invention de l’hindouisme.
L’image de l’Inde est celle d’un pays dont le peuple a obtenu son indépendance vis-à-vis de la puissance coloniale britannique grâce au « grand combat pour la liberté » mené sous l’égide du Parti du Congrès et l’autorité spirituelle de M. K. Gandhi. Elle-même colporte et diffuse sa culture comme un cocktail de religion hindoue, de yoga et de pacifisme – avec Gandhi pour mascotte. Cette image est le fruit d’efforts concertés : ainsi, par exemple, du film de propagande aux nombreux Oscars, Gandhi, réalisé en 1982 par Richard Attenborough en collaboration avec la National Film Developpement Corporation. Mais dans tout pays, on le sait, les choses se compliquent dès que l’on commence à parcourir les textes et les rues : derrière cette image se cache et perdure, de manière incontestable, l’oppression millénaire des castes inférieures, soit près de 90 % de la population indienne, par les castes supérieures (10 % environ).
Constitutionnellement, l’Inde demeure une république fédérale, laïque et socialiste. Les données officielles montrent par ailleurs qu’il s’agit d’un pays à majorité religieuse hindoue. Les nationalistes hindous aujourd’hui au pouvoir entendent changer cette constitution laïque et proclamer l’Inde « nation hindoue ». Bien des gens comprennent le mot « hindou » comme renvoyant à une religion ancienne1. C’est en réalité la plus récente des religions indiennes, puisqu’elle date du