
Le capital comme commun
Comptabilité et gouvernance partagée
Les normes comptables sont la grammaire de l’économie. Réduite à leur dimension financière, elles excluent les coûts humains et environnementaux. D’autres modèles, notamment fondés sur les communs, proposent pourtant de les considérer sous contraintes écologiques et en font des outils de la démocratie économique.
La comptabilité constitue un miroir de la société dans son organisation des rapports de production et de consommation, ainsi que dans l’allocation du capital. Elle s’inscrit ainsi dans une cosmologie, voire une anthropologie, qui dépasse la simple opération entrée/sortie. Elle est un instrument de gouvernance, dans la mesure où elle rend compte de ce qui est valorisé et ainsi de ce qui a du pouvoir : en cela, elle est un reflet de ce qui compte dans une société, au sens strictement économique mais aussi plus globalement au sens social et politique. Toute tentative de changement vers une société plus écologique, plus démocratique et plus juste est vouée à l’échec si elle fait l’impasse sur les normes comptables.
Évolution politique de la comptabilité
Les normes comptables sont la grammaire de l’économie. Les économistes, lorsqu’ils parlent par exemple du produit intérieur brut (PIB), s’appuient sur la valeur ajoutée, qui est une émanation des normes comptables. Nous retiendrons la définition de la comptabilité de Jacques Richard et Christine Colette : « On définira la comptabilité comme un ensemble de systèmes d’information subjectifs ayant pour objet la mesure de la valeur des moyens et des résultats d’une entité1. » Une entité peut désigner des acteurs très différents, allant de la famille à la multinationale en passant par l’État. La comptabilité valorise les moyens et l