
Silence de l'image, violence du regard
Sur Georges Didi-Huberman
La singularité de Georges Didi-Huberman tient dans la tentative de sauver l’image et le discours de l’image de l’inconsistance. Elle oscille entre le « quand même » de l’image religieuse et le « malgré tout » de l’image de camps d’extermination, entre l’acte et le spectacle.
« Chez Pétrarque, l’aura n’est qu’un jeu de mots sur Laura, la femme toujours trop distante – toujours “étrange”, toujours “unique” – qui égrène dans son texte tout un réseau signifiant du désir1… »
Comme certains, nombreux peut-être, je suis, un jour, entré dans l’œuvre de Georges Didi-Huberman pris par la certitude anticipée de pénétrer dans un univers très silencieux. Je ne me rappelle plus bien de quel livre il s’agissait. Peut-être Devant l’image2 ou Ce que nous voyons, ce qui nous regarde.
Un univers sans bruit
Les livres qui touchent à l’image se lisent avec lenteur. C’est que nous nous assourdissons nous-mêmes au moment de les ouvrir, comme certains ferment parfois les yeux en écoutant la musique. C’est peut-être une bonne méthode. D’une certaine manière, lire Didi-Huberman, c’est entrer dans un monde où il est le seul à parler. Le seul à parler devant quelque chose qui ne parle pas. Il y a bien donc du silence, et c’est donc dans un univers sans bruit que nous pénétrons avec lui. Mais c’est avec lui. Avec celui qui « accepte de rester un peu plus de quelques secondes » devant l’évidence des œuvres, œuvres qui, par ces quelques secondes