Approcher du plus inapprochable. Le moment du vivant (IV)
Le moment du vivant (IV)
Il faut surmonter le mouvement de recul suscité par le titre donné en français au dernier ouvrage d’Imre Kertesz : l’Holocauste comme culture1. Il ne faut pas le faire, en outre, en se défaussant sur l’éditeur. Certes, le titre de l’original en allemand était tout autre, plus beau, et surtout moins contestable ou choquant : Die exilierte Sprache (la Langue en exil). Mais on ne s’en tirera pas si facilement. Ce sont bien l’une et l’autre formules, en effet, qui sont de l’auteur : ce sont les titres respectifs de deux des chapitres les plus importants de ce recueil. Il faut donc aller plus loin. Il faut comprendre ce que veut dire Kertesz en parlant de « l’holocauste comme culture ». Plus précisément, sans se fixer d’emblée sur l’un ou l’autre des deux mots, il faut comprendre la tension extrême entre ces deux termes, qui peut seule donner son sens à cette formule mais qui, surtout, nous renvoie en réalité à une tension que chacun de nous, et l’époque, ressent (de bien des manières, et qu’on le veuille ou non) comme la sienne. Car c’est bien de cela qu’il s’agit. Le recul que l’on vient d’évoquer, mais aussi l’« approche » (avant-propos, p. 14) sous le signe de laquelle Kertesz met son propre livre vont