La grippe aviaire entre soin et politique. Une catastrophe annoncée ?
La menace d’une pandémie d’origine aviaire au niveau mondial nous confronte à un phénomène qu’on ne peut caractériser simplement comme un risque sanitaire. Par sa nature et son ampleur, elle nous oblige à réfléchir à la distribution des soins, au maintien des relations vitales, aux règles les plus fondamentales de la vie sociale.
On a tellement pris la Peste de Camus pour une allégorie politique, qu’on en a presque oublié qu’une épidémie de peste réelle poserait des problèmes politiques. Or, c’est justement ce que vient nous rappeler aujourd’hui l’épidémie de grippe aviaire ou, plus précisément, le passage possible, par mutation du virus, de cette épidémie (ou de cette épizootie, que les vétérinaires nomment « peste aviaire ») à une pandémie, se transmettant donc directement entre les hommes, et que, pendant un temps au moins, l’on ne pourrait pas guérir. Cette mutation, ce passage, ne serait ainsi pas seulement quantitatif, mais qualitatif, et même deux fois qualitatif. Ce ne serait pas le passage d’un « risque » à un « plus grand » risque, mais plutôt, très précisément, le passage d’un risque à une catastrophe. Mais ce serait aussi (et en même temps, de manière sans doute insé