Régression postdémocratique en Hongrie
La Hongrie, naguère considérée comme le « bon élève » des démocraties postsoviétiques, laisse aujourd’hui de nombreux observateurs perplexes et provoque l’inquiétude. Comment le Fidesz de Viktor Orbán est-il devenu un parti souverainiste et nationaliste ? L’évolution de la Hongrie est-elle un cas isolé, ou un symptôme de la crise de la démocratie en Europe ?
Après deux décennies passées à étudier les transitions postcommunistes vers la démocratie en Europe centrale et orientale, les spécialistes de la démocratisation dans cette région se trouvent obligés d’envisager un processus inverse : la régression post-démocratique. Le cas emblématique est celui de la Hongrie. Les élections parlementaires d’avril 2010, lors desquelles le Fidesz de Viktor Orbán a obtenu 52 % des voix et suffisamment de sièges pour être en mesure d’amender la constitution, ont marqué le début de ce qu’Orbán lui-même a appelé une « révolution électorale ». L’ampleur et la vitesse des transformations sont en effet révolutionnaires. Au cours des deux années qui ont suivi les élections, la Hongrie a adopté une nouvelle constitution et son Parlement a voté environ trois cent cinquante lois qui ont profondément bouleversé les f