Vers un droit international d’exception ?
Question subalterne dans toutes les théories de la guerre, le terrorisme est-il en train de devenir le sujet à partir duquel il est possible de redéfinir les conflits contemporains ? Quels en sont les risques pour les normes juridiques nationales et internationales concernant la guerre ? Quelles limites peut-on poser à l’état d’urgence imposé par la « guerre contre la terreur » ?
Après la chute du mur de Berlin et l’écroulement du communisme soviétique, on vit apparaître aux États-Unis la doctrine des « États voyous », rogue states ; se dessinait là, assurément, une nouvelle figure de « l’ennemi des États-Unis », regroupant tous les éléments – à ce stade : les États – susceptibles de pratiquer une action terroriste, à plus ou moins brève échéance, contre les États-Unis et leurs alliés ; tous les États intrinsèquement « non-fiables » sur le plan de leur relation à la sécurité collective. Le point déterminant pour cette nouvelle figure de l’ennemi n’était donc pas un caractère idéologique ni, comme le suggérera Huntington en 1996, en avançant le paradigme du « choc des civilisations », une ligne de fracture civilisationnelle (l’ennemi n’est