
Trump quitte la Syrie
Une blague sinistre circule à Washington, selon laquelle la présence américaine dans le nord-est de la Syrie ne tenait qu’à un tweet [1]. L’annonce soudaine, promise par Trump depuis longtemps, que les États-Unis retireraient leurs troupes fortes de 2 000 soldats de Syrie, lui a donné raison.
Pour les avertis de Washington, c’était prévisible. Le président n’a jamais été convaincu que les États-Unis avaient besoin d’une présence physique sur un théâtre où ils n’ont eu qu’une influence minime.
Mais cette analyse n’était pas partagée par tous à la Maison-Blanche. Le conseiller à la Sécurité nationale John Bolton considérait la présence américaine comme une dissuasion potentielle face à l’Iran, son obsession de toujours. Le secrétaire à la Défense James Mattis avait peur qu’une sortie prématurée laisse un vide que l’État islamique remplirait, forçant Washington à se redéployer à nouveau dans de pires conditions.
Ce retrait permet à Trump de soutenir que « l’État islamique a été défait » et de remplir sa promesse de campagne de retirer complètement les troupes américaines. La plupart des analyses contesteraient cette affirmation, y compris au Pentagone et dans les cercles du renseignement du président. Dans des rapports rendus publics en août dernier, le renseignement américain estimait que l’État islamique restait fort de quelque 17 000 hommes en Irak e