
En Italie, un gouvernement fragile. Entretien avec Marc Lazar
Comment expliquer les résultats des élections du 4 mars dernier en Italie ?
Le 4 mars dernier, Forza Italia et le Parti démocrate (Pd) ont enregistré une défaite cinglante avec respectivement 14 % et 18, 7 % des suffrages tandis que la Ligue obtenait 17, 3 % des voix et le Mouvement 5 étoiles (M5S) 32, 6 %. Comment expliquer ce bouleversement politique considérable ? D’abord par la situation économique et sociale. Malgré une reprise de la croissance qui reste néanmoins la plus faible de la zone euro et un taux d’emploi qui s’améliore nettement mais avec des contrats à durée déterminée, les Italiens constatent que le chômage reste élevé (11 % et 32, 7 % pour les jeunes), que les inégalités de toute nature se creusent et que la pauvreté s’est accrue. Nombre d’entre eux ont donc voulu sanctionner la législature écoulée, laquelle a été dominée par le centre gauche avec trois présidents du Conseil issus du Pd : Enrico Letta, Matteo Renzi et Paolo Gentiloni. Renzi, par sa personnalisation à outrance, ses provocations, sa médiatisation, a divisé son propre camp et son électorat, en particulier avec sa réforme du marché du travail et celle de l’école.
La question de l’immigration a également joué un rôle important. La Ligue et, dans une moindre mesure, le Mouvement 5 étoiles ont amalgamé la situation des immigrés réguliers (5 millions de personnes, soit quatre fois plus qu’en 20