
La philosophie politique du Mouvement 5 étoiles
Le populisme du Mouvement 5 étoiles au pouvoir en Italie invoque la volonté générale et les intérêts du peuple, mais néglige les médiations et contrôles démocratiques. Son usage de la fiction nationale cultive le mirage d’une société sans conflits, tentation totalitaire au cœur de la démocratie.
Premier parti aux élections italiennes de mars 2018 avec 32 % des suffrages exprimés, le Movimento Cinque Stelle signale une discontinuité dans la vie politique européenne. Et pourtant cette discontinuité ne peut être comprise que si l’on se concentre sur les éléments de continuité, encore plus forts, avec le débat italien des vingt dernières années mais aussi avec la tradition issue de la Révolution française, dont il représente une sorte de reductio ad absurdum. Si l’offre politique du parti fondé par le comique Beppe Grillo avec l’entreprise Casaleggio Associati est certes vague, voire contradictoire, elle repose malgré tout sur un certain socle métapolitique qu’il est intéressant d’examiner. Le parcours idéologique qui a conduit à la formation du « gouvernement du changement », une coalition entre le Mouvement 5 étoiles et la Ligue néo-nationaliste de Matteo Salvini, est représentatif de l’air du temps que l’on respire en Italie comme dans beaucoup d’autres démocraties occidentales.
Le populisme, est-ce encore
la faute à Rousseau ?
Le pouvoir italien a produit son propre poison. Ayant eu recours à d’imposants mythes politiques pour fonder sa légitimité, il a été pris au piège de ces mêmes mythes. Occupé à garantir sa survie à court terme en formulant des promesses qu’il ne peut pas satisfaire, il a signé sa condamnation à long terme. Selon le sociologue Jack Goldstone, qui s’appuie sur la lecture d’Ibn