
Quel régime d’historicité pour demain ?
François Hartog aux prises avec chronos
François Hartog explore le régime chrétien d’historicité, qui place l’humanité entre le temps de la fin et la fin des temps. La prise en compte de la catastrophe écologique lui redonne aujourd’hui du sens.
Les écrits de François Hartog ont vite pris une double direction. Tout d’abord, celle la Grèce, qui est l’orientation naturelle de l’helléniste proche de Jean-Pierre Vernant et de Pierre Vidal-Naquet1 ; ensuite, celle qui porte sur les « régimes d’historicité » – une thématique qui ne surprend pas de la part d’un ami de Michel de Certeau –, plus particulièrement sur le « présentisme », considéré comme l’expérience du temps des contemporains2. Reste à savoir si celle-ci peut être dépassée ou non, si un autre régime d’historicité se met en place aujourd’hui.
Chronos. L’Occident aux prises avec le temps3 a pour ambition de mettre en séquence la généalogie des régimes d’historicité en Occident. Cette ambition lui permet de faire le lien entre les travaux de l’auteur sur la Grèce et ses incursions dans le « présentisme » contemporain. Indissociable de cette interrogation sur le devenir-temps de l’Occident, qui souligne le rôle majeur du « long temps » chrétien, François Hartog se risque, en final, dans le sillage de l’intellectuel indien Dipesh Chakrabarty, à une réflexion inattendue et originale sur le régime d’historicité « anthropocénique », celui qui se dédouble pour raconter l’histoire discordante des hommes et d