
Espérez !. Manifeste pour la renaissance du christianisme de Christine Pedotti et Anne Soupa
Une telle profession de foi devrait être au moins audible par tout esprit ouvert, dès lors qu’il ne récuse pas d’emblée l’espérance.
Le sous-titre de ce livre pourrait faire craindre un banal et répétitif plaidoyer pour une réforme de l’Église catholique. Mais l’ouvrage témoigne avant tout d’un effort méritoire pour reformuler le cœur de la proposition chrétienne au milieu des crises multiples qui nous assaillent. Les autrices ont choisi un bon point de départ : l’actualité de la figure de Jésus comme promesse toujours inspirante. Elles parviennent à faire sentir, sans emphase inutile et avec des mots qui sonnent juste, que leur foi est une relation vivante avant d’être un système de croyances : « L’attachement, la curiosité passionnée que je continue à avoir pour cet homme nommé Jésus, il n’est pas simple de l’expliquer. Je ne peux pas faire entrer cette expérience intime dans le cadre de la pensée rationnelle. Mon lien avec Jésus n’est pas la reconnaissance d’une forme de sagesse, ni l’adhésion à un système de valeurs, c’est un lien avec quelqu’un. Et la raison n’en rend pas plus compte qu’elle ne rend compte du sentiment amoureux » (C. Pedotti).
À partir de là, et en s’appuyant sur les Écritures, elles s’efforcent de donner corps à une espérance religieuse dépouillée de tout dogmatisme et de tout optimisme naïf, une proposition de réenchantement de l’existence par un sens renouvelé de la fraternité. Une telle profession de foi devrait être au moins audible par tout esprit ouvert, dès lors qu’il ne récuse pas d’emblée l’espérance. Étant précisé que l’espérance dont il est question n’est pas simplement gagée sur une réserve de sens qu’il suffirait de mobiliser, car « c’est nous tous et toutes qui la portons, dans notre désir de vivre à pleins poumons ». L’ouvrage débouche sur une invitation à s’associer à la fondation d’une « maison de la renaissance » aux contours encore flous, espace de parole, de recherche et de transmission (car « une transmission intelligente et désintéressée n’a pas été faite », notent, non sans raison, les deux autrices), qui pourrait donner naissance à « une communauté vivante et productrice de sens ».