
Habiter en oiseau de Vinciane Despret
Au sortir de l’hiver, dès l’aube, en pleine ville, l’auteure est réveillée, captée par les roulades d’un merle, inépuisablement variées. Ce qu’elle écoute est « une parole, mais en tension de beauté et dont chaque mot importe ». La philosophe Vinciane Despret écoute l’écoute des merles entre eux. Cette écoute s’approfondit, au fil des pages, en direction de ceux qui écoutent les oiseaux, de la complexe partition qui se tisse alors entre les questions posées aux oiseaux par les ornithologues, dans laquelle certains concepts philosophiques semblent subir une cure de rajeunissement.
Il est ici question de territoires d’oiseaux. À un moment donné, quelque chose d’impérieux se passe, qui change tout ce qui était auparavant important pour l’oiseau « devenu territorial ». Cette variation historique entre en collision avec l’idée arrêtée (depuis Grotius ?) d’un « rapport profond entre la niche et l’appropriation » (Michel Serres). Au contraire, le territoire est ici traité d’une façon évolutive : des négociations aux frontières engagent