
Quand je dis oui… de Carolin Emcke
La réflexion de la journaliste allemande Carolin Emcke suit une logique bien personnelle, au fil de la plume. La langue est directe et précise. Les détails y seraient superflus. L’on comprend aisément pourquoi : cette narration est le fruit d’années de violences, vécues, constatées, intériorisées. Ainsi, l’auteure parle des cercles du silence, du danger que l’on ne nomme pas mais contre lequel on met en garde les jeunes filles, de l’obsession du peignoir, du pouvoir et de la dépendance ; de cette amie battue par son époux qu’elle a abandonnée ; du jeune esclave Naïm qu’elle a rencontré en Afghanistan ; de l’incompréhension face aux crimes et aux abus d’une personne qui n’a pas l’apparence d’un « coupable classique » ; du plaisir, du corps, de la liberté, du « oui » et du « non ». Ce texte n’est ni un pamphlet, ni un manifeste, encore moins un blâme. Carolin Emcke expérimente la simple sincérité du dit : dire aux autres son ressenti et sa pensée ; se dire aux autres, en partageant l’intimité ; dire des autres ce qu’ils ne peuvent ou ne veulent dire eux-mêmes. Pour faire barrage au silence et enfin libérer le « oui » des structures de domination, qu’un énième récit, glaçant et émancipateur, celui de l’actrice Adèle Haenel, est venu récemment ébranler à son tour.