
L’envie, une passion tourmentée d'André Rauch
Après Paresse et Luxure (Armand Colin, 2013 et 2016), André Rauch poursuit son histoire systématique des péchés, des vices et autres coupables passions humaines avec L’Envie, une passion tourmentée, tourmentante même puisqu’elle n’apporte à celui qu’elle afflige que la frustration. Fidèle à sa méthode, l’historien en suit le cheminement sur la longue durée dans l’aire occidentale, puisant à diverses sources littéraires, picturales, audiovisuelles, pour en retracer le parcours singulier, des Pères de l’Église au cyberharcèlement contemporain. Saluons d’emblée le tour de force que représentent la maîtrise d’une masse impressionnante de sources extrêmement diverses et son exploitation d’une grande finesse, servie par une langue élégante. André Rauch s’appuie à la fois sur la littérature scientifique actuelle et sur ses propres lectures et interprétations d’œuvres dont le commentaire apporte toujours quelque chose à l’analyse. Le postulat qui sous-tend ce travail, comme les précédents, est double : d’une part, il est possible d’identifier un complexe relativement stable d’idées associées permettant de suivre dans le temps long une notion telle que celle-ci, tout en repérant des évolutions, voire des ruptures, dans les significations attachées à ces idées. D’autre part, loin de réduire l’analyse à une explication de type psychologique, il est possible de réinsérer les mécanismes décrits dans des logiques sociales qui permettent d’en faire une sorte de