
Le Mythe de la Singularité. Faut-il craindre l'intelligence artificielle ?, de Jean-Gabriel Ganascia
L’intelligence artificielle (IA), ce serpent de mer scientifique, philosophique et romanesque, connaît un regain d’intérêt : nombre d’experts prennent la parole, soit qu’ils appellent de leurs vœux cette promesse d’immortalité, soit qu’ils redoutent la fin de l’humanité, remplacée par les machines. L’auteur, professeur à l’université Pierre et Marie Curie et président du comité d’éthique du Cnrs, ouvre son livre par ce tableau d’apocalypse, mais pour mieux en dénoncer les paralogismes et modérer les peurs. La Singularité, en effet, présente au premier abord des atours scientifiques – ce terme provient d’ailleurs des mathématiques, où il désigne une rupture sur une courbe régulière. La théorie de la Singularité en procède, et anticipe un point de rupture à venir, où l’intelligence des machines dépassera celle des humains. Pour autant, ce modèle repose sur des pieds d’argile.
Dans un contexte où nous entendons beaucoup de bêtises, Jean-Gabriel Ganascia prend du recul, donne des arguments précis et rationnels propres à tout examen critique, avec clarté et didactisme. Ainsi, l’utilisation de la loi de Moore, devant prédire une évolution technologique catastrophique à long terme, est largement contestable. Selon cette loi empirique, le nombre de transistors d’un circuit électronique double tous les deux ans, ce qui assure un développement linéaire des capacités de nos machines. Or « en 2016, la société Intel mention