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Notes de lecture

Dans le même numéro

Du libéralisme autoritaire de Carl Schmitt et Hermann Heller

Édition de Grégoire Chamayou

mars 2021

Au moment où il est question de « démocraties illibérales », où les dérives autoritaires (et policières) du libéralisme sont abondamment dénoncées, où des soupçons s’expriment sur la préparation des esprits à d’éventuels « états d’urgence », il est utile de lire un débat qui eut lieu en 1932 entre Carl Schmitt, juriste qui a déjà fortement viré vers l’« État fort », et Hermann Heller, juriste farouchement antifasciste, en l’occurrence une conférence du premier intitulée « État fort et économie saine » et un article du second posant la question : « Libéralisme autoritaire ? » Mais le livre est en réalité constitué pour l’essentiel par l’excellente présentation de G. Chamayou. Son commentaire, savant et lisible à la fois, restitue non seulement les enjeux et les arguments du débat entre Schmitt et Heller, mais aussi le contexte intellectuel, politique et socio-économique du moment (Hitler accède au pouvoir quelques mois plus tard). Il rappelle aussi l’essentiel de la philosophie politique de Carl Schmitt et discute des prolongements ultérieurs de ses positions : son rôle dans l’avènement du nazisme, le néolibéralisme de Friedrich Hayek (qui s’inspire de Schmitt), la critique (insuffisante) de ce dernier par Michel Foucault dans Naissance de la biopolitique, le retour du libéralisme autoritaire dans les « démocraties illibérales », pour lesquelles, selon Michaël Fœssel, il serait plus indiqué de parler de « (néo)libéralisme autoritaire ».

La Découverte, 2020
144 p. 16 €

Jean-Louis Schlegel

Philosophe, éditeur, sociologue des religions et traducteur, Jean-Louis Schlegel est particulièrement intéressé par les recompositions du religieux, et singulièrement de l'Eglise catholique, dans la société contemporaine. Cet intérêt concerne tous les niveaux d’intelligibilité : évolution des pratiques, de la culture, des institutions, des pouvoirs et des « puissances », du rôle et de la place du…

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Science sans confiance

On oppose souvent science et croyance, comme si ces deux régimes de discours n’avaient rien de commun. Pourtant, l’expérience nous apprend que c’est généralement quand l’un des deux fait défaut que l’autre subit une crise. Dans le contexte pandémique actuel, l’incapacité des experts et des gouvernants à rendre compte dans l’espace public des conditions selon lesquelles s’élaborent les vérités scientifiques, aussi bien qu’à reconnaître la part de ce que nous ne savions pas, a fini par rendre suspecte toute parole d’autorité et par faciliter la circulation et l’adhésion aux théories les plus fumeuses. Comment s’articulent aujourd’hui les registres de la science et de la croyance ? C’est à cette question que s’attache le présent dossier, coordonné par le philosophe Camille Riquier, avec les contributions de Jean-Claude Eslin, Michaël Fœssel, Bernard Perret, Jean-Louis Schlegel, Isabelle Stengers. À lire aussi dans ce numéro : l’avenir de l’Irak, les monopoles numériques, les enseignants et la laïcité, et l’écocritique.