
Jours anciens de Michel Winock
Dans Jeanne et les siens (Seuil, 2003), M. Winock avait déjà parlé de sa famille, de sa mère en particulier, à partir du journal laissé par son frère aîné. Il le prolonge avec Jours anciens, où il relate sa propre vie « enfantine et adolescente » et « catholico-banlieusarde ». On connaît sa maîtrise du récit historique, l’éloge n’est donc plus à faire de celui-ci, vif, vivant, parfois grave, souvent humoristique, avec de l’autodérision et bénéficiant de la science de l’historien. Mais l’intérêt est peut-être ailleurs : il vient du bout d’histoire sociale au sens large qui est relaté ici, celle de la France des années 1945 à 1960, dans une ville de la « ceinture rouge » au sud de Paris. À ce moment-là, Arcueil n’est sans doute pas Aubervilliers ou Montreuil, et pourtant on n’en est pas si loin. C’est au sens le plus littéral de l’expression, un autre monde, celui de l’inconfort d’avant les HLM, inconfort non pas de « prolétaires », mais de familles modestes restant nombreuses (une fratrie de six chez les Winock). La vie du héros qui grandit se lit avec plaisir, il sait «