
Le socle d’argile. Essai sur le père et la paternité de Jean-Michel Hirt
Trop peu de père ici, trop de père là : tels sont les constats désolés ou les dénonciations fréquentes. Mais ici et là, sait-on encore ce qu’« est » un père, ou ce que signifie la fonction paternelle et être à sa hauteur dans des sociétés où les possibilités scientifiques et l’évolution des mentalités imposent sans réflexion des pères de toutes sortes et bouleversent le droit de la filiation ?
Ce livre subtil d’un psychanalyste freudien et lacanien est conscient du recul de la psychanalyse dans la culture. Elle en est peut-être elle-même la principale responsable. Après qu’elle a été centrale dans l’analyse de la fonction essentielle – civilisationnelle – du « père » et dans le jugement sur la culture en général (voir le Malaise dans la civilisation de Freud), elle s’est repliée sur la clinique, « sur les intérêts du moi, les soins qu’il réclame, les commerces que ceux-ci génèrent ». Jean-Michel Hirt ne veut pas défendre le rôle paternel de porteur de la « loi », mais redonner toute sa place à la psychanalyse dans le rôle de questionneuse du monde, à la « métapsychologie » freudienne donc.
Il part d’un fait d’actualité : Jean Vanier, fondateur de L’Arche, une remarquable association d’accueil des handicapés, est rattrapé après sa mort par des femmes qui l’accusent d’avoir eu avec elles, profitant d’un accompagnement spirituel, des relations sexuelles « sous emprise ». Statufié de son vivant comme un saint, Vanier est alors