
Révolutions islamiques. Émergences de l’Islam en Méditerranée (viie-xe siècle) de Annliese Nef
L’ouvrage insiste sur les dimensions révolutionnaire et impériale de l’émergence du monde de l’Islam. Ce dernier change la Méditerranée au point que « les chrétiens n’y pouvaient pas même faire flotter des planches », comme le remarquait Ibn Khaldûn au xive siècle, et « participe d’un passé commun aux populations du bassin méditerranéen », comme le souligne Annliese Nef aujourd’hui. S’appuyant sur les recherches historiques des vingt dernières années, l’autrice montre que le vaste territoire n’est conquis ni par ferveur religieuse – il n’y a pas encore de musulmans –, ni par élan identitaire – il n’y a pas encore d’Arabes. Au contraire, la religion musulmane et l’identité arabe sont des produits du monde impérial, c’est-à-dire d’une prétention à l’universalité qui prenne en compte les diversités internes, en fasse l’inventaire et en réécrive l’histoire. Les caractéristiques de cet empire s’appuient surtout sur des exemples tirés de l’Occident islamique (le Maghreb), notamment du califat des Fatimides au xe siècle, dont l’avènement est « comme une réplique de la révolution première ». Une bibliographie commentée est placée en annexe de cette convaincante démonstration que l’Occident est « une réalité (aussi) islamique ».