
Nouveaux vocabulaires de la laïcité sous la dir. de David Koussens, Charles Mercier et Valérie Amiraux
Au moment où se discute une loi « confortant les principes républicains », dont la laïcité (enfin de nouveau bien comprise, selon ses promoteurs) sera le pilier, il est intéressant de lire ce livre sur les nouveaux usages de cette laïcité ces dernières décennies. Les Français musulmans, avec des pratiques ostensibles de visibilité ou au contraire des refus d’us et de coutumes communs, ont bien sûr joué un rôle déterminant dans le conflit des interprétations de la loi de 1905 et le trouble qui en résulte dans les esprits. Mais force est de constater aussi combien chaque « entrepreneur de causes » a redéfini à son profit la laïcité « à la française ». Sont ainsi étudiées les divisions nées à ce sujet au Parti socialiste (excellent article de Rémi Lefebvre), l’appropriation qu’en a faite Marine Le Pen à partir de 2007, la « catho-laïcité » des catholiques identitaires qui font (contre l’islam) de l’Église la « fille aînée de la République ». Le sens des « accommodements raisonnables » au Québec, que certains honnissent pour la France, est rappelé. Une enquête sur le vocabulaire d’enfants de 10-11 ans montre qu’ils sont largement tributaires des mesures et des discours publics récents (interdiction des signes ostensibles dans les écoles en 2004 et de la burqa dans la rue en 2010), même s’ils les reformulent avec liberté. Enfin, loin des positions idéologiques, un large consensus s’est établi chez les Français en faveur d’une laïcité « ouverte, humaniste, républicaine ». Et donc les injonctions intéressées, y compris des nouveaux républicains purs et durs, ne trouvent pas grande audience.