Do not follow this hidden link or you will be blocked from this website !

Notes de lecture

Dans le même numéro

Remember Baudrillard de Serge Latouche

juin 2019

Le premier mérite de ce livre est de rappeler l’actualité de Baudrillard, son étonnante prescience et sa lucidité phénoménale dans l’analyse du monde, ou plutôt de l’empire politique des signes installés dans nos vies individuelles et collectives, avec leurs effets démultipliés par Internet et ses réseaux. Partout se sont étendus et intensifiés le monde des objets, l’hyper­consommation, la communication, le spectacle, la séduction, le virtuel, le simulacre, la dérision, le nihilisme, sans oublier la « viralité du terrorisme ». Serge Latouche, professeur d’économie devenu un héraut de la décroissance, a fréquenté Baudrillard jusqu’en 1976, c’est-à-dire au moment de son grand tournant intellectuel, quand il passe de la critique, certes déjà originale mais au fond encore « classique » (c’est-à-dire marxiste), du capitalisme et de la société de consommation, à l’« oubli de Marx » et à l’analyse de la société de séduction. De ce « second Baudrillard », Latouche présente ­l’incroyable créativité et les évolutions successives, sans dissimuler les limites de ses « théories-limites » sur la réalité ou plutôt l’irréalité du monde social et de l’événement historique. Elles ont nourri, sinon son nihilisme, du moins l’impossible pari sur quelque engagement ou avenir que ce soit, et le scepticisme radical d’un « professeur d’incrédulité » (selon son ami Jacques Donzelot). C’est l’aspect qu’on peut oublier, mais on a tort de ne pas relire un auteur qui a eu autant de vista: il fait comprendre mieux que d’autres ­l’impossible « gouvernance » de démocraties submergées par la tyrannie des signes.

 

Fayard, 2019
304 p. 22 €

Jean-Louis Schlegel

Philosophe, éditeur, sociologue des religions et traducteur, Jean-Louis Schlegel est particulièrement intéressé par les recompositions du religieux, et singulièrement de l'Eglise catholique, dans la société contemporaine. Cet intérêt concerne tous les niveaux d’intelligibilité : évolution des pratiques, de la culture, des institutions, des pouvoirs et des « puissances », du rôle et de la place du…

Dans le même numéro

Le soulèvement algérien

Dans un dossier sur « Le soulèvement algérien », coordonné par Hamit Bozarslan et Lucile Schmid, Esprit salue un mouvement non violent de revendication démocratique qui vise à en terminer avec un régime autoritaire et corrompu. Le souci de dignité permet aux Algériens de renouer avec leur conscience historique. À lire aussi dans ce numéro : un entretien avec Karol Modzelewski, un hommage à Pierre Hassner et une philosophie de l’événement.