
La possibilité du fascisme d'Ugo Palheta
Ugo Palheta refuse le concept de populisme qui, à force d’être partout, finit par être nulle part, ne fonctionne que comme manière de disqualifier des opposants et, incidemment, les classes populaires. De plus, le Front national – qui est la cible principale de cet ouvrage – en retire les bénéfices de ne plus s’entendre appeler « fasciste » et d’apparaître « populaire ». Il faut donc appeler un chat un chat et le Front national un parti potentiellement fasciste : il pourrait en effet se transformer en un mouvement de masse œuvrant à la régénération d’une communauté organique imaginaire, selon la définition retenue par l’auteur et inspirée par les travaux de Roger Griffin et Robert O. Paxton. Ce fascisme est en réalité un néofascisme, dans la mesure où « la démonisation des musulmans s’est largement substituée à la haine des juifs ». La « trajectoire du désastre » qu’il dessine est, pour l’auteur nourri des lectures de Gramsci et de Trotski, le résultat de la forme néolibérale-autoritaire du capitalisme qui triomphe à partir des années 1980 et qui renforce les antagonismes de classes. Il en appelle ainsi à la « stratégie antifasciste » d’un « bloc subalterne », irréductible au combat anticapitaliste – il faut bien voir comment le néolibéralisme pourrait mener au fascisme et comment on pourrait s’y opposer –, qui vise à refuser à l’extrême droite le droit de parler, y compris par la violence.