Pierre Sky l’Enchanté de Sébastien Smirou

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Un patient disparaît. Il laisse à son psychanalyste un manuscrit sur les fonctions de la chanson dans les films de Nanni Moretti. Sébastien Smirou prendra soin de l’éditer (Pierre Sky, Chant-contre-chant, Marest, 2019). Mais cela ne suffit pas à exorciser tout ce que le patient lui a laissé. Il en résulte un contre-chant enchanteur au chant de l’auteur, qui s’appuie sur des notes et souvenirs des séances d’analyse pour «  témoigner d’un cheminement commun  ». Cherchant à communiquer «  la difficulté à vivre du patient  » qui le condamne à des épisodes réguliers d’effondrement, le livre révèle une personnalité complexe, toujours cachée derrière des fausses confidences, des pseudonymes, des «  paravents transparents  ». Au cours de l’analyse – et de sa narration – émergent des souvenirs, des rêves, des associations qui résistent à l’interprétation – «  je bute sur un mystère  » –, mais font progresser la cure et l’écriture, par à-coups et après-coup, au risque de la séduction, vers l’élucidation d’une honte secrète. «  On peut penser ce livre comme une tombe où reposerait en paix tout ce qui reliait ce patient à cet analyste, et réciproquement.  » Une fois la tombe refermée, l’analyste est à nouveau disponible.

L'universel est à nouveau en débat : attaqué par les uns parce qu'il ne serait que le masque d'une prétention hégémonique de l'Occident, il est défendu avec la dernière intransigeance par les autres, au risque d'ignorer la pluralité des histoires et des expériences. Ce dossier, coordonné par Anne Dujin et Anne Lafont, fait le pari que les transformations de l'universel pourront fonder un consensus durable : elles témoignent en effet de l'émergence de nouvelles voix, notamment dans la création artistique et les mondes noirs, qui ne renoncent ni au particulier ni à l'universel. À lire aussi dans ce numéro : la citoyenneté européenne, les capacités d'agir à l'ère numérique, ainsi que les tourmentes laïques, religieuses, écologiques et politiques.