
Le délégué de la nature
Claire Weill propose une biographie de Konrad von Moltke, acteur central des négociations sur l’environnement et le commerce, disparu en 2005. L’ouvrage retrace près d’un demi-siècle d’histoire environnementale, à travers le parcours d’un de ses protagonistes les plus investis, médiateur infatigable entre les différentes parties d’un milieu alors en pleine construction.
Claire Weill, physicienne et ingénieure générale des ponts, a fait le choix, à la fin des années 1990, de réorienter son parcours professionnel vers les enjeux environnementaux. Grâce à cette bifurcation, elle rencontre « un certain » Konrad von Moltke à l’Institut du développement durable et des relations internationales, créé en 2002 à l’initiative de Laurence Tubiana. Après la disparition précoce en 2005 de celui qu’elle appelle affectueusement Konrad, l’autrice a mené l’enquête pour reconstituer le parcours d’un homme qui n’a cessé de circuler entre les deux rives de l’Atlantique.
Son fil rouge est le double talent de Konrad von Moltke : capable de pressentir l’importance stratégique de certains enjeux et de faire évoluer les institutions par un réseau de relations avec des personnes travaillant dans une grande diversité de lieux et de structures. Idéaliste agissant en pragmatique, Konrad von Moltke a œuvré toute sa vie pour intensifier les liens entre l’Europe et les États-Unis sur l’environnement ; il a proposé, dès la création de l’Organisation mondiale du commerce, de mieux articuler commerce et environnement ; il a encore joué de son influence, à l’orée des années 2000, pour faire comprendre à la Chine l’importance de l’écologie. L’ouvrage éclaire ainsi un demi-siècle d’histoire environnementale (réunion de Stockholm, sommet de la Terre, traité de Maastricht, protocole de Kyoto), la complexité des jeux d’acteurs (États, Union européenne, Chine, pay