
Édouard Glissant. Déchiffrer le monde d'Aliocha Wald Lasowski
Dix ans après sa mort, Édouard Glissant est plus que jamais présent dans le champ éditorial, avec Édouard Glissant et « Le Discours antillais » (Institut du Tout-Monde, 2020), les deux premiers tomes de la trilogie de Loïc Céry, Édouard Glissant, une traversée de l’esclavage (Institut du Tout-Monde, 2020), la réédition des Manifestes de Glissant et de Patrick Chamoiseau (La Découverte, 2021). Le livre d’Aliocha Wald Lasowski s’avère décevant parce qu’il porte moins sur Glissant que sur des rapprochements qui peinent à convaincre (James Gray, Mati Diop, Abderrahmane Sissako, Kamala Harris…). Dans la section consacrée à Césaire, on regrette l’absence de remarques sur les réticences de Glissant à l’égard de la négritude de Césaire. Dans la section consacrée à Deleuze et Guattari, on conçoit bien l’intérêt des concepts de rhizome et de la liaison entre philosophie et poétique, ainsi que la connivence intellectuelle qui a pu exister entre les trois grands penseurs. Mais Glissant avait l’usage de bien d’autres clefs pour « déchiffrer le monde », y compris chez Héraclite, dont l’étude savante d’Alexandre Leupin (Édouard Glissant, philosophe, Hermann, 2016) a pourtant démontré l’importance. Cela étant, Aliocha Wald Lasowski énonce des thèses qui ne choqueront personne et pourra faire découvrir aux lecteurs néophytes des œuvres propres à nourrir leur bagage culturel.