
Le Dernier été, de Benedict Wells
Avec ce premier roman de Benedict Wells, paru en 2008, le second à être traduit en français[1], le jeune auteur de trente-quatre ans qui, né von Schirach en 1984, a officiellement changé son nom en Wells pour se démarquer de son histoire familiale – son grand-père était le chef des Jeunesses hitlériennes Baldur von Schirach – et rendre hommage à John Irving – auteur de L’Œuvre de Dieu, la part du diable, dont le héros se nomme Homer Wells – affirme une approche plus intime que politique de la littérature.
Le Dernier Été est celui que vit Robert Beck, un professeur de lycée, frustré par l’échec de ses rêves de musicien, en compagnie d’un de ses élèves, Rauli Kantas, jeune lituanien « plus doué que Jimi Hendrix », de Charlie, le batteur de son ancien groupe de rock, un gigantesque Afro-Allemand hypocondriaque et toxicomane, et de Lara, une serveuse rencontrée par hasard. Une virée en voiture jusqu’en Turquie, à trois, avec Charlie qui veut y retrouver sa mère qu’il croit mourante et Rauli qui s’invite à leur côté, est l’ultime confrontation entre une réalité âpre et des espoirs encore inassouvis. Cette tragicomédie est rythmée comme une bande-son avec une face A et une face B, et un seul refrain : vivre sa passion et échouer rend-il plus malheureux qu’y renoncer sans même essayer ? Taraudés par cette alternative, mais rattrapés par des expériences passées et confront