
Briser la chaîne d’impunité
Le président du Centre de défense des droits de l’homme Memorial explique que la mission de l’association n’était pas seulement d’étudier le passé totalitaire, mais aussi d’éviter que ce passé se répète, en dénonçant des pratiques systématiques de violations des droits.
Pourriez-vous tout d’abord revenir sur les réflexions et le contexte qui vous ont amené à créer un centre spécifiquement consacré à la défense des droits humains aux côtés de l’association Memorial et en retracer les principales étapes ? S’agissait-il de promouvoir ces droits fondamentaux dans la construction d’une société démocratique et d’un État de droit ? Ou bien déjà une claire prise de conscience de la nécessité de les défendre ?
Si l’idée initiale qui a présidé à la création de Memorial était la conservation de la mémoire du passé répressif de la période soviétique, il est apparu rapidement qu’on ne pouvait pas parler du passé et fermer les yeux sur le présent. Cela n’aurait pas été honnête et aurait aussi affecté le travail sur l’histoire.
La défense des droits humains a commencé par des réactions de Memorial à des événements de l’actualité, notamment sur les conflits armés à la périphérie de l’URSS et leurs conséquences sur la population civile. Si la préoccupation principale était le sort des prisonniers politiques, jusqu’à leur libération progressive à partir de 1986, elle s’est ensuite orientée vers les victimes des conflits ethno-sociaux de la fin de l’URSS.
À partir des premières missions dans les zones de conflit et de l’aide aux réfugiés, un « groupe de défense des droits humains » s’est formé en 1989 au sein de Memorial, puis, en janvier 1991, est devenu le Centre pour la défense des droits humains, une structure à par