
Plus de mille détenus politiques en Biélorussie
Les manifestations et les grèves, qui ont suivi l’élection d’Alexandre Loukachenko à la présidence de la Biélorussie, en août 2020, se sont prolongées jusqu’en mars 2021, malgré une intense répression policière procédant à l’arrestation de plus de 30 000 personnes.
Selon Peter Stano, porte-parole du Service européen pour l’action extérieure, la Biélorussie compte désormais plus de 1 040 opposants politiques, dont une trentaine de journalistes, désormais détenus. Il a également affirmé que ces prisonniers politiques sont soumis à un régime de détention abusif et subissent des traitements cruels.
Ces détentions sont liées à la vague de manifestations qui a suivi l’élection d’Alexandre Loukachenko à la présidence de la Biélorussie, en août 2020, avec plus de 80 % des voix selon la commission électorale. À plusieurs reprises, ces manifestations, commencées à Minsk et dans les principales villes du pays, ont rassemblé, selon des sources concordantes, jusqu’à un demi-million de manifestants. Les manifestations et les grèves se sont prolongées jusqu’en mars 2021, malgré une intense répression policière procédant à l’arrestation de plus de 30 000 personnes.
Lors d’un procès tenu à huis clos, en décembre dernier, à Homiel (Gomel) dans le Sud-Est du pays, six prisonniers politiques ont été condamnés à des peines sévères allant de 14 à 18 ans, sur la base d’accusations contestées pour « troubles à l’ordre public », « organisation de troubles massifs », « incitation à la haine dans la société » et « obstruction à la Commission électorale ». Arrêté le 29 mai 2020 alors qu’il projetait de se présenter à la présidentielle, le blogueur vidéo Sergueï Tikhanovski, époux de Svetlana Tikhanovskaïa (la représentante en exil de l’opposition), a été condamné à 18 ans de prison. Ses collaborateurs Artiom Sakov et Dmitri Popov, responsables des réseaux sociaux, ont été condamnés à 16 ans de prison. Igor Lossik, journaliste d’opposition, et Vladimir Tsyganovitch, tous deux animateurs de chaînes Telegram et YouTube diffusant des informations sur la campagne de l’élection présidentielle, ont été condamnés à 15 ans de prison. Vétéran de l’opposition à Loukachenko et ancien candidat à la présidentielle de 2010, Mikola Statkevich a été condamné à 14 ans de prison.
Ces condamnations témoignent de la répression systématique par le régime de Minsk des citoyens biélorusses ayant exercé leur droit d’expression et réclamé des élections libres et équitables. À l’annonce de ces verdicts, Svetlana Tikhanovskaïa a immédiatement dénoncé de très lourdes condamnations : « Le dictateur se venge publiquement de ses opposants les plus en vue », a-t-elle affirmé sur Twitter. Soulignant que « le monde entier est témoin » de cette répression, elle a assuré : « Nous ne nous arrêterons pas. »
Considérant que les élections présidentielles du 9 août 2020 en Biélorussie ont été truquées, l’Union européenne demande la libération inconditionnelle et immédiate des opposants emprisonnés. Conformément à l’approche graduelle adoptée par le Conseil européen le 12 octobre 2020, l’Union européenne a déjà promulgué, le 2 décembre 2021, une cinquième série de sanctions compte tenu « des violations persistantes des droits de l’homme et de l’instrumentalisation des migrants » en Biélorussie. Ces sanctions visent les autorités éminentes de l’appareil judiciaire biélorusse, notamment à la Cour suprême et au Comité de contrôle d’État, ainsi que les responsables des organes de propagande contribuant à la répression de la société civile, de l’opposition démocratique, des médias indépendants et des journalistes. Sont également visés par ces sanctions, de hauts responsables politiques du régime ayant instrumentalisé la migration à des fins politiques, ainsi que les entreprises (telles que Belavia Airlines), voyagistes et hôtels ayant mis en œuvre le franchissement illégal des frontières de l’Union européenne via la Biélorussie.
L’Union européenne condamne fermement ces violations répétées des droits de l’homme et des libertés fondamentales par la voix de son haut représentant pour les Affaires étrangères et la Politique de sécurité, Josep Borell : « Cette cinquième série de sanctions est un nouvel exemple de notre détermination à agir en cas de violation des droits de l’homme. » Selon Peter Stano, la Biélorussie doit respecter ses engagements internationaux et ses obligations au sein de l’Organisation des Nations unies et de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe. À défaut, se profile l’éventualité d’une nouvelle série de sanctions à l’encontre du pouvoir biélorusse.