
La foi, grain de sable dans la littérature
Le roman catholique (François Mauriac, Georges Bernanos, Julien Green) tente de témoigner de l’expérience de la foi au risque de la littérature. Aujourd’hui, dans un contexte encore plus sécularisé, elle s’inscrit dans une recherche de sens, dont témoigne Le Royaume d’Emmanuel Carrère.
Dans Le Nœud de vipères (1933) de François Mauriac, Louis, sentant la mort approcher, entreprend une longue confession épistolaire à sa femme, après des décennies de mariage malheureux. Son récit avançant, il évoque la mort de leur fille, Marie, emportée par la typhoïde des années plus tôt. Sa femme est croyante, lui ne l’est pas. Pourtant, alors que dévastée par le chagrin elle ne peut se résoudre à se détacher du corps de l’enfant, « moi, l’incrédule, j’éprouvais devant ce qui restait de Marie tout ce que signifie le mot “dépouille”. J’avais le sentiment irrésistible d’un départ, d’une absence. Elle n’était plus là ; ce n’était plus elle. “Vous cherchez Marie ? Elle n’est plus ici…” [1] » Il reviendra plus loin sur cette expérience dont il n’a pas compris, sur le moment, la signification. Pour sa mère, « Marie était cette poussière, ces ossements. Je n’osais protester que moi, depuis des années, je sentais vivre mon enfant, je la respirais ; qu’elle traversait souvent ma vie ténébreuse, d’un brusque souffle[2] ».
C’est donc cela, la découverte de la foi, ai-je pensé en lisant ces lignes pour la première fois. Un « brusque souffle » qui ouvre une porte intérieure, dont on ne sait