
La violence et le sacré
En s’appuyant sur les travaux de René Girard - et plus particulièrement sur sa notion de catharsis fondatrice - Bernard Perret invite à prendre conscience de la trajectoire singulière qu’a connue la civilisation judéo-chrétienne, pour mieux appréhender la « logique sacrificielle » à l’œuvre dans certaines communautés.
Retour à René Girard
Aborder de front la dimension religieuse et sacrificielle de la violence est une entreprise risquée, mais nécessaire, pour comprendre autant le terrorisme islamiste que les réactions qu’il provoque. Le climat, reconnaissons-le, n’est pas propice à une réflexion sereine. Le discours le plus consensuel, celui des hommes politiques et des intellectuels qui se veulent responsables, oscille entre l’éloge obligé (et le plus souvent sincère) d’un humour qui fait profession de ne rien respecter, et l’affichage non moins obligé d’une laïcité respectueuse de toutes les religions. Entre les deux, la tension (qui traverse parfois chacun de nous) est devenue manifeste. Victime collatérale du débat sur l’humour, la pensée en est réduite à marcher sur des œufs. On pardonne tout aux dessinateurs, mais l’argumentation construite est beaucoup plus périlleuse.
S’il est une réalité dont nul ne contestera qu’elle demande urgemment à être pensée, c’est la violence elle-même. Pour s’y essayer, le chemin le plus sûr et direct est celui de la phénoménologie : en deçà des grilles d’interprétation qui se bousculent dans nos esprits, il s’agit de décrire les prati