
Le retour du corps féminin
Dans cette nouvelle étape des luttes féministes, on constate l’importance croissante d’une pensée émancipatrice du corps des femmes, où la condition féminine est réinvestie et mise en débat jusque dans ses dimensions les plus intimes.
Camille Froidevaux-Metterie est philosophe féministe, professeure de science politique et chargée de mission égalité à l’université de Reims Champagne-Ardenne. Elle consacre ses recherches aux mutations consécutives au tournant de l’émancipation féministe (La Révolution du féminin1). Elle les aborde dans une perspective phénoménologique qui place le corps au centre de la réflexion. Après Le Corps des femmes. La bataille de l’intime2 où elle rend compte du « tournant génital du féminisme », elle publie Seins. En quête d’une libération3. Cet entretien est l’occasion d’interroger l’importance du corps dans les mouvements féministes contemporains, et les nouvelles modalités incarnées de l’émancipation des femmes, dont témoignent aussi bien le mouvement #MeToo, que la libération de la parole sur les règles, ou le débat sur les violences obstétricales.
Comment en êtes-vous venue à travailler sur le corps féminin ?
J’ai longtemps travaillé sur un tout autre sujet – les relations entre politique et religion, plus spécifiquement dans le christianisme, et notamment dans le contexte étatsunien. C’est un peu par hasard et par la maternité que je suis venue au féminisme. Recrutée à l’université