
Réparer les capacités
Éthique du care et travail social
Comment articuler les pratiques assez souples de l’éthique du care avec le cadre généralement normatif du travail social ? Il est avant tout nécessaire de rompre avec l’assignation néolibérale à la responsabilité individuelle pour réparer les capacités des personnes, en prenant en considération leurs vulnérabilités singulières.
Comment le concept de care, qui désigne des pratiques de soin assez peu normatives, peut-il être utile pour penser le travail social, régi par des cadres généralement normatifs ? Au moment où les États transfèrent de plus en plus de responsabilités aux individus dans la conduite de leur vie, y a-t-il une place pour un social care, un « prendre soin » des plus vulnérables assumé par la collectivité ? Les éthiques du care, en particulier dans leur réception française, croisent l’éthique avec les politiques publiques, la conception d’un État social, la représentation territoriale de la solidarité (avec le rôle des conseils départementaux en France), le dynamisme du tissu associatif et les mouvements sociaux (en particulier féministes, mais aussi ceux qui articulent le social et l’écologie).
La pertinence de l’outil care dans le domaine du travail social a pour préalable une conception de l’individu relationnel, une critique du modèle de l’individu entrepreneur et souverain. C’est une fiction idéologiquement dangereuse de croire que l’individu tient tout seul et se fait lui-même : il a en réalité besoin de soutiens pour se réaliser. Le care propose des opérateurs de soutien face aux épreuves de vulnérabilité vitale, socio-économique ou écologique traversées par les individus. Il s’intéresse au travail social avec la visée de mieux prendre en charge les situations de vulnérabilité, en s’intéressant aux capacités des individus.
Le care
Le care concerne, de manière élémentaire, l’attention aux autres, le souci des autres, et a surgi dans le cadre d’une éthique (care ethics), puis d’une politique (care politics), devenues prégnantes depuis la pandémie de Covid-19, laquelle révèle et amplifie des mutations à mener1. Si, avant la pandémie, l’analyse restait ancrée du côté d’un positionnement éthique, les interventions prennent davantage en compte aujourd’hui la nécessité d’une politique du care comme redistribution et reconnaissance, concernant par exemple le soutien aux activités dites de « première ligne », accomplies en majorité par des femmes2.
Le care s’est développé dans différents cadres : la santé, le médico-social, le féminisme, l’éducation, le travail social et désormais le réchauffement climatique ou la lutte en faveur de la biodiversité. Le terme vient de l’horizon anglo-américain, où l’on sépare le domaine du care de celui du cure. Le cure renvoie au soin curatif, à la perspective du retour à une santé perdue après l’ébranlement que peut constituer l’entrée dans la maladie. Le care est lié à la vie ordinaire (comme lorsque l’on dit take care of you). Le cure vise la guérison ; le care vise la relation éthique et politique, et élabore une responsabilité collective pour lutter contre les relations de domination. La perspective philosophique du « souci » (to care about) est la sienne, ce qui lui donne la profondeur de l’inquiétude et inclut la sphère des sentiments dans l’élaboration d’une rationalité.
Le care ne préfigure pas seulement la question des relations. Il l’associe à une problématisation féministe qui se définit comme celle de l’éthique du care. Carol Gilligan, la première, explique, à partir de différents entretiens réalisés pendant dix ans, qu’en général, ces relations de soin, dans leur dimension de care, sont accomplies par des femmes3. Elle établit que le care s’articule à l’image de la supposée nature soignante des femmes, poussée par la symbolique de la « maternité » : « par nature », les femmes « prendraient soin » et, par principe, des plus vulnérables. L’assignation des femmes aux métiers du soin est liée à l’idée que les femmes seraient plus « aptes à l’empathie » que les hommes, dans une perspective qui peut aller jusqu’au sacrifice de soi. Dès le départ, le soin et la vulnérabilité tissent un lien très fin pour l’identification de relations fréquemment invisibilisées socialement, mal ou non rémunérées. Mais Carol Gilligan montre qu’il s’agit là d’une éthique, globalement empêchée dans nos sociétés individualistes qui privilégient la distance à l’égard des autres. Elle mentionne l’héritage de la morale kantienne, avec l’individu autonome et contractant, qui apparaît dans la Théorie de la justice (1971) de John Rawls. Dès leur conception, les éthiques du care ont pour cible cette morale de l’individu autonome ; elles tendent à soutenir la revalorisation du soin mutuel tout en dénonçant l’oppression des femmes par les pratiques de soin. Carol Gilligan déplace un certain nombre de partages théoriques : entre la raison et les sentiments (les deux peuvent coexister et déployer une rationalité qui n’est ni abstraction, ni calcul), le public et le privé (le privé est politique), les principes et les situations (face aux « dilemmes moraux », partir des situations puis remonter vers les principes, comme le fait l’éthique médicale, évite d’appliquer des principes inadéquats aux formes de vie réelles). En définitive, le care dénonce des formes patriarcales dans la morale et promeut une philosophie empiriste.
Alice Le Goff et Marie Garrau déplacent le curseur de la réflexion depuis le care vers la question de la dépendance pour mieux appliquer les principes de justice dans toutes les sphères de vie4. L’une des premières à avoir pensé le care du point de vue de la dépendance est Eva Feder Kittay qui part d’une expérience concrète et vécue – celle d’être la mère d’une enfant handicapée mentale – pour questionner l’autonomie qui, prise comme un ensemble d’injonctions, ne permet ni de prendre en compte les expériences de la dépendance, ni d’aider à la prise en charge5. Il s’agit de critiquer l’hégémonie des relations contractuelles analysées par des philosophies politiques de la modernité, lesquelles, séparant espaces public et privé, placent les métiers du « prendre soin » du côté d’une sphère des sentiments féminisée6. La prise en charge de la dépendance nécessite des compétences spécifiques qui mettent en jeu des besoins, relèvent d’un engagement collectif en faveur d’une égalité concrète des individus et ne peuvent qu’élargir la sphère des droits.
Certes, le care définit les individus par leur vulnérabilité, ce qui comprend la prise en compte circonstanciée de la dépendance. Mais la vulnérabilité n’est pas l’affaire exclusive d’un groupe social, plutôt de tout un chacun : nous sommes toutes et tous plus ou moins vulnérables, ce que l’expérience de la pandémie a confirmé. Les éthiques du care prennent leur distance avec l’idéal d’autonomie morale, souvent transformé en injonction, pour donner une définition vécue de l’autonomie avec les accidents de vie et les situations de vulnérabilité ou de grande dépendance des individus. Selon Joan Tronto, « au cours de notre vie, chacun de nous passe par des degrés variables de dépendance et d’indépendance, d’autonomie et de vulnérabilité7 ». L’autonomie s’avère alors un processus d’existence complexe qui inclut des chaînes de soin, ne serait-ce qu’en début et en fin de vie. Non seulement les individus sont dépendants les uns des autres, mais ils doivent élaborer une interdépendance qui évite les abus de pouvoir, les violences et la stigmatisation des différences.
Care et travail social
Le care ne peut pas uniquement s’envisager avec les mots de précarité ou de pauvreté ; son ancrage anthropologique met en jeu d’autres formes de vulnérabilité, vitale ou écologique. Ainsi, il analyse les cumuls de handicaps : par exemple, femme, pauvre, habitante d’un pays du Sud, soumise à une catastrophe climatique. La deuxième difficulté est l’agencement de l’éthique et de la politique : comment construire une politique du care dans le domaine du travail social ? Comment faire progresser la reconnaissance institutionnelle du care sans lui faire perdre sa charge critique, en particulier féministe et anticapitaliste ? Ainsi, Nancy Fraser et Joan Tronto déterminent un cadre pour des politiques du care afin de mettre fin au capitalisme patriarcal comme modèle financiarisé et mondial8 ou pour mettre à mal des politiques ancrées dans le modèle de l’individu performant et dans une soumission de toutes les sphères de vie au marché9. Comment garder cette perspective d’un changement de modèle de société qui repose sur un juste care ?
Cela suppose de donner des contours au « prendre soin » des plus vulnérables. Joan Tronto évoque alors la résurgence de la solidarité, telle qu’elle fut pratiquée par la classe ouvrière dans la première moitié du xxe siècle. Selon elle, c’est à ce moment de l’histoire de l’Europe du Nord que les systèmes de sécurité sociale, d’aide au revenu, de droits sociaux et de soins de santé ont été créés10. Aujourd’hui, nous expérimentons une crise de l’État social et il devient difficile d’envisager des politiques d’inclusion. Comment imaginer un nouvel État social, avec une nouvelle définition des droits sociaux et de nouvelles pratiques de soutien ? Se tourner vers de telles politiques, avec une visibilité des situations de dépendance et de différence par rapport aux normes sociales dominantes, suppose de modifier en profondeur le travail social11 et d’introduire la voix des plus vulnérables dans le lien social, avec pour préalable des dispositifs d’écoute.
Le travail social est censé protéger les individus de la marginalisation, principalement en améliorant leur bien-être. Par ces activités, on prend soin d’adultes, d’enfants ou de familles entières. On agit en leur nom lorsqu’ils ne peuvent pas ou plus se prendre en charge, ou lorsqu’ils ne bénéficient pas de conditions de vie décentes. Prendre soin, assister, soutenir sont des actions qui visent à exprimer une attention, à favoriser un retour dans le monde social pour des individus qui s’en éloignent à leurs dépens, jusqu’à menacer leur survie.
Une réflexion sur l’utilité du care dans le travail social ne peut faire l’économie de la question suivante : « Le care est-il institutionnalisable12 ? » En effet, poser la question de l’introduction du care dans les politiques sociales, en particulier celles de lutte contre l’exclusion, se fait souvent au prix d’un double mouvement. D’une part, ses prétentions éthiques sont limitées, tant la distance est grande entre le travailleur social et le bénéficiaire d’une aide sociale : comment ne pas s’arroger, au nom de dispositifs d’État, une parole qui permet de définir soi-même les besoins des plus pauvres, besoins déjà exprimés par les politiques elles-mêmes ? D’autre part, les discours de responsabilisation des individus nous poussent à dire que toute personne est responsable de son propre sort.
Je défends un État social habité par les éthiques du care, en rupture avec l’assignation néolibérale à la responsabilité individuelle.
Je défends un État social habité par les éthiques du care, en rupture avec l’assignation néolibérale à la responsabilité individuelle qui participe d’un renforcement criant des inégalités13. Le but est de penser des politiques sociales qui portent la construction ou la réparation des capacités propres à un individu ou à un groupe social. Réparer n’est pas un mot d’ordre conservateur. Cela suppose beaucoup de volonté politique pour réduire les inégalités et un travail sur la mémoire collective des oppressions.
Aujourd’hui, la marque du néolibéralisme dans le travail social tient dans des « institutions maltraitantes », selon les voix des professionnels eux-mêmes. Lizzie Ward analyse la crise du travail social au Royaume-Uni dans un contexte d’austérité budgétaire, alors que la pauvreté et la vulnérabilité augmentent14. Le travail social, qu’il soit à destination des personnes âgées, des enfants sous protection, des jeunes délinquants ou des pauvres, passe désormais par la recherche de fonds par les social care workers, la relation à la fois interpersonnelle et institutionnelle entre le fournisseur et le bénéficiaire de soin étant de plus en plus négligée et invisibilisée. La maltraitance devient institutionnelle ; le terme de solidarité est complètement effacé. La pratique d’une éthique du care n’existe alors que dans des relations informelles entre les déshérités ou les vulnérables eux-mêmes, comme le montre le film Moi, Daniel Blake (2016) de Ken Loach : face à l’inhumanité des dispositifs étatiques d’aide à l’emploi, les bénéficiaires, qui ne bénéficient plus de rien, s’arrangent entre eux pour s’aider, échanger des pratiques ou travailler au noir. Les institutions broient les individus qu’elles vulnérabilisent de plus en plus, que ce soient les bénéficiaires ou les pourvoyeurs de care d’ailleurs. Comment peut-on institutionnaliser un care juste quand les mauvaises pratiques sont systémiques ?
On peut poser un double diagnostic sur le travail social dans le contexte néolibéral mondialisé : d’un côté, une logique de gestion des prestations sociales associée à une logique de projet qui n’est jamais adaptée à l’urgence, aux crises et à la nécessité de l’écoute ; de l’autre, une logique de récits subjectifs, où raconter son histoire doit faire l’épreuve d’une vraisemblance attendue. Ces deux logiques sont arrivées à bout de souffle, en laissant de côté une dimension importante du care, à savoir le souci d’une vulnérabilité progressivement étendue et d’accidents de la vie de plus en plus destructeurs.
L’éthique du care a une grande proximité avec une approche clinique : elle pointe l’insuffisance d’une assistance contractuelle, procédurale et souvent bureaucratique. Si l’introduction de la singularité et la prise en compte des récits et des expériences sont pertinentes, c’est à condition d’accepter les voix qui s’expriment et qui peuvent être dissonantes. À l’opposé d’une approche sociale impersonnelle, insensible aux individus et à leur parcours de vie, le care vise ce qui tient sur un fil : l’appréhension du désir d’agir d’individus qui ne peuvent ou ne veulent plus désirer ni agir.
Dans cette perspective, les travailleurs sociaux ne sont pas les agents d’un État qui cherche à maintenir le lien social en saupoudrant des aides diverses, ils ne sont pas les représentants d’une raison humanitaire ni des acteurs bienveillants dans un monde social troublé. Ils ne sont pas là pour surveiller chaque faux pas commis par les bénéficiaires de l’aide sociale. Ces professionnels développent des compétences, promeuvent des valeurs et agissent pour améliorer le bien-être social de populations vulnérables abandonnées.
La compétence du travailleur social relève d’un « art de la relation15 », composé de certaines techniques et de compétences sociales (trouver la bonne distance : ni trop près, ni trop loin). Cette compétence doit permettre une forme de liberté pour la personne aidée, ne serait-ce que la liberté minimale de résister ou de continuer à se positionner en marge de la société. Promouvoir ce mode d’interdépendance et cette forme médiate de réciprocité, qui prend en compte les modèles de vulnérabilité et de dignité, c’est instituer une éthique du care. Cette éthique implique un projet de société décente : « une société dont les institutions n’humilient pas les gens16 ». Selon Avishai Margalit, alors qu’une société civilisée repose sur des relations pacifiées entre les individus, accordant une grande importance aux relations interpersonnelles, une société décente mobilise un niveau plus archaïque de la réalité sociale, celui des institutions. Il ne s’agit pas de promouvoir une conception humanitaire et compassionnelle de l’autre, mais de structurer le lien social afin que tout être humain puisse être considéré comme tel et non comme inférieur (colonialisme) ou invisible (migrants, travailleurs clandestins, femmes pauvres).
L’éthique du care peut servir de base à des politiques publiques réparatrices.
Si l’éthique du care peut nous aider à réfléchir au travail social à travers la prise en charge concrète de vies humaines, elle ne doit pas nous faire oublier que l’objectif de l’État social est d’ouvrir la voie à la possibilité de vies non humiliées. Cela inclut l’apprentissage de la lecture et de l’écriture ainsi que l’acquisition de compétences techniques fondamentales, l’accès à la santé, à un revenu, à un logement décent et aux biens communs. L’éthique du care peut servir de base à des politiques publiques réparatrices qui comprennent que les individus les plus vulnérables possèdent leur propre régime de vie et qu’il faut le rendre audible, visible, en accord avec les valeurs démocratiques de solidarité. Le travail social est un angle adéquat pour aborder la résolution de la crise du care : il n’y a pas de démocratie du care sans considération pour les personnes exclues du lien social et politique tant elles sont vulnérabilisées.
- 1. Voir Marie Gaille et Philippe Terral (sous la dir. de), Pandémie. Un fait social total, Paris, CNRS Éditions, 2021. Voir aussi Deva Woodly et al., “The politics of care”, Contemporary Political Theory, vol. 20, no 4, 2021, p. 890-925.
- 2. Voir Sandra Laugier et Najat Vallaud-Belkacem, La Société des vulnérables. Leçons féministes d’une crise, Paris, Gallimard, coll. « Tracts », 2020.
- 3. Voir Carol Gilligan, Une voix différente. La morale a-t-elle un sexe ? [1982], trad. Annick Kwiatek revue par Vanessa Nurock, introduction de S. Laugier et Patricia Paperman, précédé d’un entretien avec Fabienne Brugère, Paris, Flammarion, 2019.
- 4. Marie Garrau et Alice Le Goff, Care, justice et dépendance. Introduction aux éthiques du care, Paris, Presses universitaires de France, 2010.
- 5. Eva Feder Kittay, Love’s Labor: Essays on Women, Equality and Dependency, New York/Londres, Routledge, 1999.
- 6. En France, dans les métiers du social, près de 9 personnes sur 10 sont des femmes.
- 7. Joan C. Tronto, Un monde vulnérable. Pour une politique du care [1993], trad. par Hervé Maury, préface de Liane Mozère, Paris, La Découverte, 2009, p. 182.
- 8. Voir entretien avec Nancy Fraser, “Capitalism’s crisis of care”, Dissent, vol. 63, no 4, automne 2016, p. 30-37. Voir aussi N. Fraser, « Crise du care ? Paradoxes socio-reproductifs du capitalisme contemporain », dans Tithi Bhattacharya (sous la dir. de), Avant 8 heures, après 17 heures. Capitalisme et reproduction sociale, Toulouse, Blast, 2020.
- 9. Voir J. Tronto, Caring Democracy: Market, Equality, and Justice, New York, New York University Press, 2013.
- 10. Voir J. Tronto, “There is an alternative: Homines curans and the limits of neoliberalism”, International Journal of Care and Caring, vol. 1, no 1, 2017, p. 27-43.
- 11. Voir F. Brugère, La Politique de l’individu, Paris, Seuil, coll. « La République des idées », 2013.
- 12. Luca Pattaroni, « Le care est-il institutionnalisable ? Quand la politique du care émousse son éthique », dans S. Laugier et P. Paperman (sous la dir. de), Raisons pratiques, no 16, « Le souci des autres. Éthique et politique du care », 2006.
- 13. Voir Wendy Brown, Les Habits neufs de la politique mondiale. Néolibéralisme et néo-conservatisme, trad. par Christine Vivier, préface de Laurent Jeanpierre, Paris, Les Prairies ordinaires, 2007.
- 14. Lizzie Ward, “Understanding the social care crisis”, dans Petr Urban et L. Ward (sous la dir. de), Care Ethics, Democratic Citizenship, and the State, Londres, Palgrave Macmillan, 2020.
- 15. Didier Vrancken, Le Nouvel Ordre protectionnel. De la protection sociale à la sollicitude publique, Liège, Parangon, 2010, p. 237-239.
- 16. Avishai Margalit, La Société décente [1996], trad. par François Billard et Lucien d’Azay, Paris, Flammarion, 2007, p. 13.