
La monarchie saoudienne et l'affaire Khashoggi
L’assassinat prémédité d’un journaliste critique de la monarchie saoudienne constitue un précédent dans l’histoire du royaume. Sans remettre totalement en cause l’importance de l’Arabie Saoudite, « la réputation internationale [de Mohammed Bin Salman] auprès de l’Occident est durablement ternie ».
Le meurtre du journaliste saoudien Jamal Khashoggi dans le consulat d’Arabie saoudite à Istanbul le 2 octobre 2018 rappelle les plus sombres épisodes des pouvoirs néo-sultaniques du Moyen-Orient[1]. Plutôt que de l’interpréter comme une dérive devenue la marque de fabrique d’un pouvoir despotique comme celui de Saddam Husseïn et de ses fils Houdaï et Qoussaï, dans les années 1990[2], ne faut-il pas voir dans les effets déjà visibles de « l’affaire Khashoggi » sur la monarchie saoudienne et son prince héritier, Mohammed Bin Salman (MBS), un cas d’école semblable à ce que fut « l’affaire Ben Barka », pour la monarchie alaouite sous Hassan II, en octobre 1965 ?
Une tradition dynastique
Jamais le régime monarchique saoudien ne s’était illustré par de telles violences pour contraindre au silence une voix dissidente, même si les arrestations et pressions sur les opposants ont toujours eu cours[3], en contraignant plus d’un à l’exil. On compte aussi plusieurs cas d’enlèvements de membres de la famille royale, dont la punition était ensuite réglée à titre privé. Le roi Salman avait