
Oublier la guerre d’Algérie ?
La fragmentation des mémoires de la guerre d’Algérie est sans doute inévitable mais elle risque également d’empoisonner le débat politique français. Les incursions du président Macron sur ce terrain ne vont pas sans difficultés, mais elle permettent au moins d’engager publiquement d’indispensables débats.
Dans un article publié récemment par la revue Esprit, Paul Thibaud fustige les prétentions mémorielles d’Emmanuel Macron sur la guerre d’Algérie1. Les polémiques mémorielles sont, depuis la fin des années 1980, un classique du débat français et presque un genre en soi avec, d’un côté, ceux qui entendent lutter contre l’oubli et l’occultation des responsabilités, qu’elles soient politiques ou judiciaires, et, de l’autre, ceux qui fustigent un moralisme émotionnel et anachronique. Les échanges entre les deux camps sont si féroces mais également si convenus que se traiter réciproquement d’« historiens staliniens », de « crypto-fascistes », d’« épurateurs de la mémoire » ou de « réactionnaires négationnistes », tient plus du rituel que de l’insulte fiévreuse. Nonobstant le léger goût de réchauffé qui s’en dégage, les termes parfois excessifs – donc approximatifs – employés par Paul Thibaud pimentent un propos particulièrement stimulant, mais néanmoins incomplet et erroné.
Révélations ou reconnaissance
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