
Pour retrouver un souffle solidaire
Longtemps en baisse, le taux de pauvreté menace d’exploser en raison de la crise sanitaire et de la doxa qui fait de la pauvreté une question de responsabilité individuelle. Un nouveau souffle solidaire commencerait par la formulation de nouveaux droits, la revalorisation du RSA, et une nouvelle répartition des rôles entre territoires et citoyens.
Entre 1945 et le début des années 2000, la pauvreté en France n’a cessé de reculer. Le taux de pauvreté, communément admis comme la part des Français dont les ressources sont inférieures à 60 % du revenu médian, est ainsi passé de 18 à 12, 5 % entre 1970 et 2003, avec deux périodes de forte baisse : les années 1970 et la période 1995-2003. Mais depuis plus de quinze ans, le taux de pauvreté a au mieux stagné, au pire augmenté, notamment sous l’effet de la crise de 2008. Depuis 2010, il reste bloqué au-dessus de 14 %, frôlant les 15 % en 2018 (dernière statistique stabilisée), avec aujourd’hui le risque d’un accroissement sensible du fait de la crise sanitaire.
Solidarité collective
Certes, la baisse historique de la pauvreté, jusqu’au début des années 2000, est d’abord la conséquence de la reconstruction économique, puis de la croissance des Trente Glorieuses. Mais elle est aussi le fruit d’une approche sociale, portée par des gouvernements de droite comme de gauche, de la lutte contre la pauvreté, héritée entre autres du solidarisme de la fin du xixe siècle et du Conseil national de la Résistance (CNR), et illustrée en leur temps par l’action et la parole de l’abbé Pierre et de Joseph Wresinski. On s’efforce alors de penser la lutte contre la pauvreté à partir du point de vue de ceux qui la vivent, durablement ou épisodiquement. On estime que vivre en situation de pauvreté relève en grande partie des déterminismes